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Accord d’Alger : six ans après, la CMA insatisfaite

21 juin 2021

La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), groupe armé du nord du Mali estime que l’accord de paix n’a pas obtenu des "résultats satisfaisants".

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Des représentants des mouvements armés lors de la signature de l'accord à Alger
Des groupes armés ont pris possession de larges pans du nord du Mali dès 2012Image : Farouk Batiche/AFP/Getty Images

Au cours d’une rencontre avec la presse malienne à Bamako, Mohamed Maouloud Ould Ramadane, un porte-parole de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) a entre autres déploré le non-respect, surtout des volets politique et institutionnel de l’accord d’Alger de 2015. Et surtout le non lancement de l'opération DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion des combattants). "La faute incombe au gouvernement du présidentIbrahim Boubacar Keïta, renversé le 18 août par les militaires'', explique Mohamed Maouloud Ould Ramadane.

Une vue des participants aux négociations ayant abouti à l'accord d'Alger de 2015
Une vue des participants aux négociations ayant abouti à l'accord d'Alger de 2015Image : Getty Images/F. Batiche

Des piétinements à divers niveaux

Selon Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali de 2002 à 2006, "pour l’instant, l’accord est durablement bloqué. Parce que les groupes armés ne se sont pas transformés en partis politiques, ils ont gardé leurs armes, ont augmenté leurs armements. Il n’y a pas d’élections, il y a des autorités intérimaires. Et dans ces conditions, Bamako ne peut pas appliquer les réformes institutionnelles, qui, probablement, seraient rejetées dans le cadre d’un référendum".

Instabilité politique

Nadia Adam, chargée de recherche à l'Institut d'études de sécurité (ISS) de Bamako pense que l’instabilité politique dans le pays a joué grandement un rôle dans le retard accusé dans la mise en œuvre de ce compromis politique.

"Depuis 2015,il y a eu beaucoup d’instabilités au Mali" (Nadia Adam)

"Depuis 2015, on a vu pas mal d'événements se passer dans le pays et beaucoup se sont accélérés l’année dernière, lors du coup d'État d’août (le 18 août, les militaires ont renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, ndlr). Et aussi, du nouveau coup d’état qui a eu lieu en mai dernier (le second coup d’état du colonel Assimi Goïta, ndlr). Ce qui fait qu’il y a une sorte de discontinuité au niveau des gouvernements et qui représentent un obstacle dans la mise en œuvre continue de cet accord", soutient la chercheuse Nadia Adam.

Changement de comportement

Que faire donc pour que les dispositions de cet accord signé il y a six ans, dans la capitale algérienne, soient traduites dans les faits ?

Des rebelles touareg dans le nord du Mali en février 2015
Des rebelles touareg dans le nord du Mali en février 2015Image : REUTERS/Souleymane Ag Anara

Selon Nicolas Normand, "il  faudrait que les groupes armés du nord signataires de l’accord d’Alger, changent de comportement, fassent clairement savoir qu’ils souhaitent vraiment se désarmer. Ce qui ne va pas de soi. Parce qu’ils se battent entre eux. Entre Touaregs, il y a des combats aussi. Donc, ils n’ont pas envie de désarmer. Ils pourront aussi prétexter de la présence des djihadistes pour ne pas désarmer. Et ça sera très difficile aussi qu’ils acceptent des élections, parce qu’ils sont ethniquement minoritaires".

En plus de la cessation des hostilités entre les parties prenantes, l’accord d’Alger prévoit également la régionalisation du pays, le développement à la base et la réconciliation. L'application de ces mesures se fait toujours attendre, car les signataires s’accusent mutuellement d’en être le frein.