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8 mai - Köhler détabouise les souffrances de l'Allemagne

Yann Durand9 mai 2005

Les 60 ans de la fin de la terreur nazie ont été fêtés ce week-end en Allemagne autour d’un leitmotiv: Plus jamais ça. En point d’orgue des manifestations, le discours du président de la République Fédérale, Horst Köhler, a été perçu de manière ambivalente. Les échos de la presse allemande ce matin.

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Horst Köhler lors de son discours au Parlement fédéral
Horst Köhler lors de son discours au Parlement fédéralImage : AP

Il existe aujourd’hui un large consensus à propos de l’interprétation du 8 mai 1945, affirme la Südddeutsche Zeitung. À l’époque la plupart des allemands l’ont vécu comme une défaite. Mais ce jour a également libéré l’Allemagne et le monde, de l’horreur du national sozialisme, cette idéologie spécifiquement allemande. Plus l’après-guerre durait plus l’impression se renforçait d’avoir été libéré par la défaite.

La Stuttgarter Zeitung se penche elle sur le discours du président Köhler, lequel a évoqué avec beaucoup de sensibilité et d’empathie les douloureux destins engendrés par la tyrannie nazie. Köhler, poursuit le journal, ne laisse aucun doute sur l’atroce unicité de l’holocauste et parvient cependant a rappeler autant la souffrance des allemands poussés à l’exil que celle des peuples de l’est après la deuxième guerre mondiale.

Cette tentative de détabouisation, la Frankfurter Rundschau la voit d’un autre oeil, qui rapelle que le tabou est pour moitié un mythe. Historiquement il est faux que la misère allemande après-guerre n’aie pas été thématisée. La perte des territoires de l’est, les bannissements, la destruction des villes, la vengeance des vainqueurs, tout cela était bien présent. Mais parallèllement contaminé, il est vrai, par le silence et le refoulement des sentiments de culpabilité que seule la génération suivante a pu gérer.

Ainsi peut on s’arrimer à beaucoup de choses positives de notre histoire remarque enfin le quotidien Die Welt. Et de reprendre les propos de Horst Köhler concernant la fierté que peut éprouver un pays scindé d’une barrière, dont les habitants de l’ouest et de l’est se sont affranchis par leur propre moyens. C’est une question, regrette le journal, trop rarement abordée officiellement, par une politique qui se veut politiquement correcte.