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13 millions d'affamés dans la Corne de l'Afrique

28 octobre 2011

Il s'agit de la plus grave famine depuis six décennies dans la région. A l’automne 2010, des scientifiques avaient déjà prévu cette crise et tiré la sonnette d’alarme.

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Image : picture-alliance/Philipp Ziser

La communauté internationale est dotée d’un « système d’alarme précoce pour la famine », appelé « FEWS NET ». Alors, comment a-t-on pu en arriver là ? Réponse de John Sciccitano, directeur du projet FEWS NET: « Je pense que notre alarme a été donnée à temps. En août et en septembre 2010, nous avons attiré l’attention sur l’insécurité alimentaire croissante et informé ensuite sans cesse sur notre site Internet sur les risques en Ethiopie, au Kenya et en Somalie, menacés par le phénomène climatique de La Nina. »

FEWSNET, le système d’alarme par Internet, est financé par le Département américain chargé du Développement. FEWSNET lit diverses données météorologiques importantes pour les prévisions climatiques, entre autres celles de la NASA. Ce système d’alerte précoce a été créé il y a un quart de siècle en réponse à la famine en Ethiopie. 50 collaborateurs, avant tout en Afrique, mettent diverses données météo locales dans le système. Toutes ces données sont ensuite rassemblées et analysées à Washington avant d’être communiquées aux gouvernements et aux ONG concernés. Malgré tout, 25 ans après la mise en place de FEWSNET, des millions d’Ethiopiens sont à nouveau victimes de la famine.

Somalia Dürre Hunger
Files d'enfants somaliens attendant leur repas distribué par le PAM à MogadiscioImage : dapd

Selon John Sciccitano, FEWSNET a transmis à temps ses informations, analyses et avertissements. Le problème réside dans la vitesse ou plutôt la lenteur de réactions des pays donateurs et des organisations humanitaires.

La réaction trop lente des pays donateurs

Debbie Hillier est collaboratrice de l’ONG OXFAM, active depuis des décennies dans les régions d’Afrique de l’Est souvent frappées par la famine. Elle fait une autocritique : selon elle, OXFAM, comme d’autres ONG, attend souvent trop longtemps dans l’espoir que des pluies vont arriver et que des récoltes seront possibles. Mais Debbie Hillier pointe aussi du doigt les pays donateurs:

« Nous sommes pris dans un cercle vicieux : souvent les pays donateurs ne font aucune promesse avant que la situation ne devienne très grave et que les médias ne diffusent de premières images choquantes. A ce moment là, on reproche aux humanitaires d’avoir réagi trop tard. Mais si nous essayons d’agir plus tôt, on nous accuse de répandre la panique. »

Scientifiques, humanitaires et politiciens sont en tout cas d’accord sur un point: la prochaine famine dans la Corne de l’Afrique n’est qu’une question de temps. Les cycles du climat relativement stables qui se renouvelaient tous les dix ans au siècle dernier ont maintenant fait place à des changements climatiques extrêmes, à un rythme de plus en plus rapide, laissant de moins en moins de temps à la terre, aux hommes et aux animaux de se régénérer. Il faut donc trouver rapidement une riposte adéquate aux phénomènes climatiques.

Auteurs : Ludger Schadomsky / Philippe Pognan
Edition : Marie-Ange-Pioerron