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À quand une intervention militaire au Mali ?

Marie-Ange Pioerron19 octobre 2012

Le Mali est le premier sujet de cette revue des thèmes africains dans la presse allemande. Les journaux se penchent sur l'éventualité d'une intervention contre les islamistes qui contrôlent le Nord-Mali.

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Manifestation à Bamako en faveur d'une intervention militaireImage : Getty Images/AFP

Après le Conseil de sécurite de l'ONU, ce sont les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne qui ont donné leur feu vert. Mais la presse reste quand même très sceptique. Une intervention au Sahel, en principe oui, écrit die tageszeitung, mais encore faudra-t-il élaborer des plans concrets, et cela peut durer.

Officieusement, il est question de 3.000 hommes, principalement originaires de pays ouest-africains, qui dans le cadre d'une "mission de stabilisation" fourniront à l'armée malienne un appui logistique lui permettant de pénétrer dans le nord du pays. Mais cette mission de stabilisation, poursuit le journal, vise moins à lâcher la bride sur le cou à l'armée malienne qu'à la contrôler. Car c'est le coup d'État de jeunes soldats, en mars dernier, qui a été le déclencheur de la prise de contrôle du Nord-Mali par la rébellion. Entre-temps, l'armée a restitué le pouvoir aux civils, mais à cause du putsch, elle reste soumise à un embargo sur les armes qui l'empêche de combattre. Une chose est sûre, écrit de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung : l'OTAN n'interviendra pas. Entre les gouvernements alliés, la discussion porte surtout sur une aide à la formation de l'armée malienne, une armée désorganisée qu'il s'agit de reconstituer afin qu'elle puisse garantir la sécurité à l'intérieur du pays et à ses frontières. L'idée serait d'envoyer 200 instructeurs à Bamako, et comme la langue de travail serait le français, la brigade franco-allemande serait toute indiquée.

Mali militante Bewegung MUJWA
Des combattants du Mujao dans le nord du MaliImage : Reuters

Mais note le journal, à Berlin on est encore très réservé. L'Allemagne pourtant ne peut rester à l'écart sans perdre un peu plus de son influence et s'attirer de nouvelles inimitiés à l'intérieur de l'Union européenne et de l'Otan. L'appel à la solidarité européenne, couplée avec une participation concrète, ne tardera pas à arriver à Berlin.La Bundeswehr pour former des soldats somaliens

Ugandische Soldaten in Somalia
Soldats ougandais dans les faubourgs de MogadiscioImage : MICHELE SIBILONI/AFP/Getty Images

Ailleurs en Afrique, des soldats allemands sont en train de former des soldats africains. Cela se passe en Ouganda, dans le cadre d'une mission de l'Union européenne. L'hebdomadaire Der Spiegel qui note par exemple que 19 soldats de la Bundeswehr sont actuellement présents dans la savane de l'ouest ougandais. Ils sont là pour former des Somaliens. 551 très exactement, qui sont arrivés en juillet dernier en Ouganda.

À la fin de l'année, ils rentreront en Somalie. Si les formateurs européens, comme le capitaine allemand Ralph Westmann, les ont bien formés, ils pourront survivre, et peut-être même aider à résoudre un problème qui afflige le monde depuis plus de 20 ans, poursuit le journal. 10.000 soldats, principalement des Ougandais, sont certes présents en Somalie, rappelle le Spiegel en faisant allusion donc au contingent de l'Amisom. Il y a deux semaines des troupes kényannes ont pris le port de Kismayo aux islamistes.

Mais les Kényans comme les Ougandais sont des étrangers, ils peuvent vaincre, mais ne peuvent contrôler durablement le pays. L'armée gouvernementale est dans un état misérable, pas formée, mal équipée. Elle sait mourir, ajoute le journal, mais pas combattre.Poignée de main glaciale à Kinshasa

Frankophonie-Gipfel in Kinshasa
Joseph Kabila et François HollandeImage : dapd

La presse revient sur le sommet de la francophonie qui s'est tenu le week-end dernier à Kinshasa. François Hollande, le président français, avait fait le déplacement. Une visite éclair au cours de laquelle il n'a pas ménagé son homologue congolais. C'est en tout cas ce qu'en retient un journal allemand. Die tageszeitung évoque la froide poignée de main donnée par François Hollande à Joseph Kabila et ajoute même que le président français n'aura consacré que deux secondes à saluer le président congolais au Palais du peuple, où avait lieu le sommet.

Il a clairement montré, souligne le journal, qu'il ne voulait pas que sa visite en République démocratique du Congo soit interprétée comme une révérence au très contesté chef de l'État congolais. Il est arrivé le samedi matin et est reparti le soir même, il a rencontré des défenseurs des droits de l'Homme et des opposants.

Aucun autre chef d'État ou de gouvernement n'a critiqué aussi directement Kabila dans sa propre capitale. Les invités, il est vrai, ne sont pas venus en foule. Le président congolais est plutôt ignoré sur la scène internationale. Le sommet de la francophonie était censé apporter un changement, mais apparemment cela ne fonctionne pas, même si 3.000 délégués de 75 pays étaient présents.Égypte : un pas en avant, deux pas en arrière

Ägypten Generalstaatsanwalt Abdel Maguid Mahmoud
Le procureur général Abdel Maguid MahmoudImage : Reuters

Enfin, les turbulences en Égypte sont relatées aussi dans la presse allemande. Le procureur général a été finalement maintenu à son poste, alors que le président Morsi avait tenté de le limoger pour avoir acquitté des personnalités du régime Moubarak. Une fois de plus, lit-on dans un éditorial de die tageszeitung, tout déraille en Égypte, mais cela témoigne de la vivacité du processus démocratique.

Mohamed Morsi a été mal conseillé en limogeant le procureur général. Car selon la Constitution en vigueur, un président n'a pas le droit de limoger un procureur général. L'ironie, poursuit le journal, veut que dans la nouvelle Égypte on défende l'indépendance de la justice pour maintenir à son poste un homme de Moubarak.

Cela illustre le dilemme qui accompagne le changement en Égypte : dans un système respectueux de l'État de droit il n'est pas si simple d'épurer les institutions des legs de l'ancien régime. Pour la Süddeutsche Zeitung, même si Mohammed Morsi a échoué dans son initiative de limoger le procureur général, il n'y a pas lieu de s'en réjouir. Trop souvent encore, les Égyptiens n'ont le choix qu'entre des figures de l'ancien régime et les islamistes.