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Zuma défie la révocation de son parti

Jean-Michel Bos
13 février 2018

Le président sud-africain Jacob Zuma a refusé d’obéir à la demande de son parti, le Congrès national africain, de quitter ses fonctions.

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Südafrika Jacob Zuma
Image : picture-alliance/dpa/EPA/A. Ufumeli

L’entêtement de Jacob Zuma plonge l’Afrique du Sud dans une nouvelle crise qui pourrait s’éterniser.

Zuma a en effet choisi l’option du bras de fer avec le Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, après que celui-ci ait décidé de le forcer à démissionner.

L'ANC a confirmé avoir exigé le départ du président Zuma.

Cette décision a été prise à l'issue d'une réunion-marathon à huis clos de treize heures de la direction du parti dans un hôtel de Pretoria.

Selon certaines sources proches du dossier citées par l'AFP, l'ANC aurait donné 48 heures au président pour démissionner - un délai qui n'a toutefois pas été confirmé par l'ANC.

Un ultimatum qui résulterait du refus de Jacob Zuma d’abandonner son siège. Celui-ci aurait en effet, toujours selon un communiqué de l'ANC, réclamé un délai de trois à six mois avant de quitter le pouvoir.

"Nous avons dit au président Zuma (...) que nous voulions que Ramaphosa prenne les rênes de l'ANC et aussi celles des affaires de l'Etat. Le président Zuma nous a dit: je n'irai nulle part ", a expliqué le trésorier du parti, Paul Mashatile.

L’ANC va donc adresser une lettre lui ordonnant de céder le pouvoir, après avoir rejeté la demande de Jacob Zuma de conserver son poste encore quelques mois. 

Ces informations ont été confirmées officiellement par le parti qui a reporté la tenue d'une conférence de presse mardi à 14h (12h GMT) à son quartier général à Johannesburg.

Jacob Zuma pour sa part n'a pas encore réagi.

Motion de défiance

La direction de l'ANC a le pouvoir de "rappeler" tous ses membres délégués à une fonction gouvernementale, comme elle l'avait fait en 2008 pour le président Thabo Mbeki, qui avait obtempéré et accepté de démissionner.

Mais le chef de l'Etat n'est toutefois pas obligé d'accepter cette décision.

Le président Jacob Zuma (à droite) et son vice-président Cyril Ramaphosa
Le président Jacob Zuma (à droite) et son vice-président Cyril RamaphosaImage : Reuters/GCIS

En cas de blocage, l'ANC peut alors décider de présenter devant l'Assemblée nationale une motion de défiance qui devrait être adoptée à la majorité absolue pour contraindre Jacob Zuma à partir.

"Toutes les procédures parlementaires nécessaires qui découlent de cette décision seront enclenchées", a déclaré l'ANC dans un communiqué.

Elu en décembre, le nouveau chef de l'ANC, Cyril Ramaphosa, essaie depuis plusieurs semaines d'obtenir le départ anticipé du président, dont le deuxième mandat s'achève normalement à l'issue des élections générales prévues en 2019.

Mais Jacob Zuma, empêtré dans de nombreux scandales de corruption, a jusque-là toujours refusé de se plier aux exigences de son parti.   

La résistance du chef de l'Etat a plongé le pays dans une grave crise politique qui s'est notamment manifestée par le report, la semaine dernière, du discours présidentiel annuel sur l'état de la nation, une première dans l'histoire de l'Afrique du Sud démocratique.

Même si la fin de son règne semble proche, le président Zuma reste soutenu par un carré de fidèles.

"Ils ont atteint le pic de leur carrière politique, certains sont visés par des plaintes (...), ils sont animés par leur seul instinct de survie", a résumé à l’AFP Somadoda Fikeni, analyste politique.

L'autorité du président Zuma a commencé à vaciller depuis l'élection en décembre de Cyril Ramaphosa qui lui a succédé à la tête de l'ANC, au pouvoir en Afrique du Sud depuis l'avènement de la démocratie en 1994.

(Avec AFP et DPA)

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Jean-Michel Bos Journaliste au programme francophone de la DW.JMBos