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Zimbabwe: un coup d'Etat militaire au vernis démocratique

20 novembre 2017

Robert Mugabe refuse de démissionner, en dépit de l’ultimatum que lui a lancé son parti, le Zanu-PF. Face à ce refus, les députés et sénateurs du parti au pouvoir ont engagé une procédure de destitution du vieux leader.

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Simbabwe Mugabe verkündet bei TV-Ansprache nicht wie erwartet Rücktritt
Image : picture alliance/AP Photo/Zimbabwe Herald

Zimbabwe: l'armée légitime son coup d'Etat - MP3-Stereo

Selon l’article 96 de la Constitution, en cas de "faute lourde", le chef de l’Etat peut présenter sa démission par lettre au président du Parlement qui doit en faire état dans les vingt-quatre heures. Cette solution était la plus simple à matérialiser. Mais l’option a été réfutée par  Robert Mugabe, jeudi dernier, lors de sa première rencontre avec le général Constentino Chiwenga, le chef d’Etat major de l’armée de terre. Conséquence : la procédure de sa révocation par le Parlement a été enclenchée.

De nombreux analystes y voient une volonté de l’armée de légitimer leur action. Selon la politologue Marianne Severin, "lorsque les militaires prennent le pouvoir par la force, il y a des sanctions".

"Je ne pense pas que le Zimbabwe puisse se permettre ce genre d'excentricité. Et il faut faire les choses dans les règles, pour éviter finalement de faire passer Robert Mugabe pour une victime. L'armée au Zimbabwe n'a aucun intérêt à se mettre à dos la population, en faisant preuve de violence. Le seul point noir, c'est lui, (NDLR, Robert Mugabe) qui ne veut pas partir", a t-elle ajouté à la Deutsche Welle.

La grande muette piégée ?

Une fois le vote  de destitution obtenu, les deux chambres du Parlement vont mettre sur pied une commission ad hoc, qui se chargera de proposer un projet de résolution de destitution. Laquelle doit être approuvée à la majorité des deux tiers, conformément à l’article 97 de la loi fondamentale. Au regard de la configuration de l’Assemblée nationale, la procédure sera adoptée à une écrasante majorité, car, pour une fois, opposition et majorité au pouvoir partagent une même obsession : mettre fin aux 37 ans du règne sans partage de Robert Mugabe.

Problème,  même si  Robert Mugabe était destitué par le parlement, l’armée n’aura pas pour autant atteint son but, qui est d’installer au trône, Emmerson Mnangagwa. La raison ? En vertu de l’article 101 de la Constitution du Zimbabwe, c’est le vice-président du pays qui devrait assurer l’intérim du président révoqué jusqu’à l’organisation de prochaines élections prévues en avril 2018.

L'ancien vice-président Emmerson Mnangagwa a été désigné dimanche 19 novembre nouveau président du ZANU-PF en remplacement de Robert Mugabe.
L'ancien vice-président Emmerson Mnangagwa a été désigné dimanche 19 novembre nouveau président du ZANU-PF en remplacement de Robert Mugabe.Image : Getty Images/Afp/Alexander Joe

Or, dans le cas d’espèce, c’est l’actuel vice-président Phelekeza Mphoko, réputé proche de la première dame Grâce Mugabe et exclu du parti par le militants du ZANU-PF, qui va diriger la transition si cette destitution avait lieu. 

Pour que celui qu’on surnomme "le crocodile"  assure l’intérim du président de la République, il va falloir que Robert Mugabe le renomme vice-président. Un exercice auquel le "camarade Bob" n’est pas prêt à se plier.

Il faut ajouter qu'Emmerson Mnangagwa, l’ancien vice-président, a été désigné dimanche à la tête de la Zanu-PF et  candidat du parti au pouvoir aux élections générales de l’année prochaine. Le système politique et électoral du Zimbabwe est calqué sur celui en vigueur en Grande-Bretagne. C’est le parti qui a remporté le plus de députés à l’issue des élections législatives qui désigne le président de la République, qui est aussi chef du gouvernement.

L’armée, l'ultime solution?

Le chef d'état major de l'armée, General Constantino Chiwenga va t-il demeuré loyal en vers Robert Mugabe?
Le chef d'état major de l'armée, General Constantino Chiwenga va t-il demeuré loyal en vers Robert Mugabe?Image : Getty Images/AFP/J. Njikizana

Si malgré la procédure de destitution mise en branle par le parti au pouvoir, Robert Mugabe refuse de céder son fauteuil, l’armée se verra obliger, d’user de la force pour le déloger. Une action violente qui va certainement susciter l’ire de l’organisation régionale d’Afrique australe, la SADC, de l’Union africaine, et latos-sensus, de celle de la communauté internationale, réfractaires aux prises de pouvoir par les armes.

Quoi qu’il en soit, l’ère Mugabe tire bel et bien à son terme. Après avoir été lâché par une partie du pilier de son régime, l’armée, Robert Mugabe a été évincé de la présidence du parti qu’il a fondé, le ZANU-PF. Une humiliation historique à laquelle viennent s’ajouter les manifestations tous azimuts des populations, toutes sensibilités confondues, appelant à son départ du pouvoir.