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Yemen, un nouveau départ?

21 février 2012

Election présidentielle au Yemen. Après 33 années de règne, le président Ali Abdallah Saleh passe la main. Il y a un an, le vent du "printemps arabe" avait aussi poussé les Yéménites dans les rues de la capitale Sanaa.

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Abed Rabbo Mansur HadiImage : picture-alliance/dpa

Des mois durant, le régime a brutalement réprimé le mouvement de contestation. En Juin 2011, le président Saleh grièvement blessé lors d'une attaque sur sa résidence avait rejoint l'Arabie Saoudite pour se faire soigner. Trois mois plus tard il rentrait à Sanaa en promettant de quitter le pouvoir. Et ce mardi Les Yéménites sont appelés à voter pour une élection présidentielle avec un candidat unique: il s'agit du vice - président Abd Rabbo Mansur Hadi. Hadi est censé gouverner le pays pour une période de transition de deux ans.

Promesse tenue !

En novembre dernier dans la capitale saoudienne Riad, le président Ali Abdallah Saleh avait finalement signé un accord avec des représentants de l'opposition. Cet accord prévoyait une passation de pouvoir à son vice président Abd Rabuh Mansour Hadi, une impunité pour lui et sa famille et des élections. Le mois dernier, Saleh a quitté le Yemen pour les Etats-Unis. Cependant, les manifestations se sont poursuivies dans le pays. Et l'impunité garantie à Saleh et à sa famille dans l'accord de Ryad est inacceptable pour de nombreux Yéménites, comme pour cette femme qui crie sa colère :

Wahl im Jemen Tawakul Karman
Tawakul Karman montre son pouce teinté d'encre après avoir voté à SanaaImage : REUTERS

"Comment pouvons nous garantir l'impunité pour tout le sang qui a coulé et pour le meurtre de nos enfants ? Je jure devant Dieu que nous ne donnerons aucune garantie, la seule garantie pour Saleh est la peine de mort qui l'attend ! “

Cependant de nombreux Yéménites espèrent qu'avec la fin de l'ère Ali Abdallah Saleh , ils pourront construire un nouveau Yémen", comme Tawakul Karman, cette jeune femme de 33 ans qui est devenue le visage de la révolution yéménite et qui lutte depuis des années déjà pour la liberté de presse et d'opinion dans son pays et pour un plus grand rôle des femmes dans la vie sociale et politique. Cette lutte lui avait valu le prix Nobel de la Paix en 2010.

Protest im Jemen gegen Immunität für Präsident Ali Abdullah Saleh
Marche de protestation contre l'immunité pour l'ancien président Saleh (le 22 janvier 2012)Image : Reuters

L'après- Saleh sera - t-elle une ère de démocratisation?

Pour voter, les électeurs doivent marquer de leur empreinte digitale un bulletin de vote au nom de l'unique candidat, le vice président Abdrabbuh Mansour Hadi. Un candidat issu de l'ancien régime et qui ne trouve pas l'approbation générale mais qui promet le changement et la recherche du concensus :

„La clef de voûte du changement sera la conférence nationale que nous mettrons en place après l'élection du 21 février. Cette conférence sera une oasis pour un dialogue ouvert et entier, dialogue dont ne sera exclu aucun parti de l'intérieur ou de l'extérieur du Yemen. Et il n'y aura pas de sujet tabou ! “

La situation sécuritaire dans ce pays le plus pauvre du monde arabe, reste précaire, comme d'ailleurs le bon déroulement du scrutin. Au Yemen, un demi - million d'enfants de moins de cinq ans sont menacés de mourir de faim, tel est le cri d'alarme lancé par le bureau des Nations unies pour la coordination de l'aide humanitaire.

Depuis des années le pouvoir central à Sanaa a perdu le contrôle de plusieurs régions du pays. Comme dans le sud où des rebelles séparatistes font la loi ou près de la frontière avec l'Arabie Saoudite , une région où des militants d'Al Qaida se sont taillés un fief incontrôlable pour Sanaa.

Auteur: Philippe Pognan
Edition : George Ibrahim Tounkara