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Washington demande à Berlin d'accueillir des ex-détenus de Guantanamo

Pognan, Philippe / Tounkara, Brahima7 mai 2009

La prison militaire américaine de Guantanamo à Cuba doit bientôt fermer, comme le président Barack Obama l’a promis dès sa prise de fonctions

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Le président Barack ObamaImage : AP/DW

L’administration américaine a officiellement demandé à Berlin d’accueillir en Allemagne une dizaine des 241 hommes encore détenus à Guantanamo. Cette requête de Washington suscite des réactions contradictoires au sein même de la coalition gouvernementale allemande comme parmi les chefs de gouvernement régionaux. La plupart des Ministre-présidents des différents Länder allemands se montrent réservés à l’idée d’accueillir sur leur sol ces hommes anciennement suspectés de terrorisme et dont la justice militaire américaine n’a pu prouver la culpabilité.

La demande de Washington provoque en effet quelques remous en Allemagne. Au sein même de la coalition gouvernementale, les responsables sont divisés. Alors que le ministre des Affaires étrangères, le social - démocrate Frank-Walter Steinmeier est favorable à l’idée d’accueillir en Allemagne d’ex détenus de Guantanamo , son collègue de l'Intérieur, le chrétien démocrate Wolfgang Schäuble émet des réserves. Réserves partagées au sein de son parti conservateur, mais aussi par certains chefs d'Etats régionaux indépendamment de leur couleur politique. Le vice -président du groupe parlementaire chrétien démocrate Wolfgang Bosbach, estime que le sort des détenus de Guantanamo reste sous la responsabilité de l’administration américaine . „L’Allemagne n’a ni construit, ni géré Guantanamo „déclare-t-il et précise ce lundi au journal „Kölner Stadtanzeiger" : "Si les Etats-Unis affirment qu’ils sont tous inoffensifs, alors je me demande pourquoi ces hommes n’ont pas été libérés depuis longtemps déjà!" Et Bosbach de rappeler que deux des hommes suspectés de terrorisme déjà libérés auraient entre temps repris le combat, ce qui illustre selon lui le risque que comporte l’accueil en Allemagne de tels ex- détenus. Force est de constater par ailleurs que „l’enthousiasme des ministres régionaux de l’Intérieur „ à l’idée d’accueillir les ex détenus dans leur Land respectif reste limité. Le ministre de l’Intérieur de l’Etat régional de Bavière, Joachim Herrmann au micro de la Deutsche Welle:

Wolfgang Bosbach
Wolfgang Bosbach (CDU)Image : picture-alliance/ dpa

"Ce qui est décisif c’est d’abord que les Etats-Unis d’Amérique garantissent de manière indubitable que ces ex-détenus ne représentent aucune menace terroriste. Mais à prime abord, nous partons du principe qu’ils n’ont pas été internés sans motifs par les Etats-Unis à Guantanamo. En outre, c’est au ministre fédéral de l’Intérieur d’examiner ces cas et ce n’est que quand ces examens adéquats auront vraiment eu lieu que nous en Bavière, nous nous pencherons sur la question ."

Bundestag Steinmeier Schäuble
Le ministre de l'Intérieur Wolfgang Schäuble (CDU) et le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier ( SPD)Image : picture-alliance / dpa/dpaweb

Face aux positions contradictoires des ministres fédéraux Wolfgang Schäuble und Frank Walter Steinmeier, le ministre régional de l’Intérieur du Land de Berlin, le social démocrate Ehrhart Körting a lui déclaré : "J’attend de voir ce que la Chancelière va faire." Mais selon Niels Annen, spécialiste des Affaires étrangères au sein du SPD, le parti social démocrate allemand, „accueillir les ex détenus de Guantanamo n’est pas seulement important d’un point de vue humanitaire , mais c’est aussi dans l’intérêt même de l’Allemagne, parce que Berlin porte une part de responsabilité pour la politique erronée de l’ex- président George W. Bush, en Afghanistan par exemple."

Ce lundi à Berlin, le porte-parole du ministère de l’Intérieur a déclaré, sans plus de commentaires, que les autorités fédérales et régionales sont en train d'examiner la requête de Washington.