Vote à l'ONU sur la crise du Darfour
30 juillet 2004Jamais plus le monde ne détournera le regard, promettait Kofi Annan il y a dix ans – c’est ce qu’écrit la Hanoversche Allgemeine Zeitung. Les Nations Unies ne voulaient plus jamais réagir aussi tard et avec aussi peu de conviction à une catastrophe telle que le génocide au Rwanda. Et pourtant elles le font de nouveau. Pendant que début avril on se recueillait à New York en mémoire des 800 000 victimes du génocide, 10 000 Soudanais avaient déjà perdu la vie dans la campagne d’épuration ethnique des milices, poursuit le journal. Trois mois et environ 30 000 morts plus tard, le Conseil de sécurité s’anime subitement face au projet de résolution sur le Darfour proposé par les Etats-Unis. Mais les pays se battent les uns contre les autres pour préserver leurs intérêts nationaux au lieu de lutter ensemble pour sauver des vies au Soudan. Et ça, c’est encore pire que leur long silence, conclut le quotidien.
Même ton dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui estime que si la France, la Chine et la Russie s’engagent pour empêcher des menaces de sanctions contre Khartoum, c’est par pur intérêt commercial. De toute façon, écrit la FAZ, la discussion dure depuis si longtemps à New York, que même si le Soudan se voyait menacé de sanctions, il n’aurait pas franchement à craindre qu’elles deviennent vraiment effectives un jour.
Pour la Tageszeitung, les propositions des Etats-Unis ne sont que le minimum nécessaire pour empêcher la mort de centaines de milliers de personnes. Le problème, poursuit la taz, c’est que les gouvernements des autres pays de l’ONU se méfient des Etats-Unis et ne croient pas qu’ils s’inquiètent réellement pour le Soudan. Ils doutent en effet que la défense des droits de l’Homme soit la première motivation américaine.
Une fois de plus, face à un grave conflit, les Nations Unies sont indécises, en désaccord et au bout du compte impuissantes, écrit la Augsburger Allgemeine. Il faut dire que l’expérience douteuse de la guerre en Irak explique pourquoi on ne se précipite pas pour reprendre les armes. Pourtant face à la crise du Darfour, on ne peut pas se contenter de prendre une mine inquiète comme le fait Joschka Fischer, conclut le journal.