1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Quatrième mandat à la tête de la Russie pour V.Poutine

Hugo Flotat-Talon
7 mai 2018

Le président russe a prêté serment ce lundi 7 mai 2018, promettant de "tout faire pour augmenter la puissance, la prospérité et la gloire de la Russie" lors des six prochaines années qu'il passera à la tête du pays.

https://p.dw.com/p/2xJz1
Russland Wladimir Putin legt Amtseid ab
Image : Reuters/S. Bobylyov

"La Russie est plus influente en 2018" - (Aude Merlin)

"Je considère comme mon devoir et le sens de ma vie de faire tout mon possible pour la Russie, pour son présent et pour son avenir". Voilà les mots prononcés par Vladimir Poutine ce lundi 7 mai 2018, juste après avoir prêté serment la main sur la Constitution russe. Il entame donc un quatrième mandat, après dix-huit années déjà passées comme président ou chef de gouvernement. En mars, il avait été réélu avec 76,7% de voix lors d'une élection jugée comme "transparente au maximum" par la Commission électorale, mais lors de laquelle l'opposition et des ONG avaient dénoncé des milliers d'irrégularités.

Tensions avec l'Occident

Au cours de ses 18 années à la tête de l'Etat, Vladimir Poutine s'est efforcé de renforcer la place de la Russie sur la scène internationale. "La Russie est plus influente en 2018, dans ce que les autorités appellent "l'étranger proche de la Russie", et le pays pèse plus sur la scène internationale que lorsque M.Poutine est arrivé au pouvoir en 2000", analyse Aude Merlin, professeur à l'Université libre de Bruxelles en Belgique et spécialiste de la Russie et du Caucase. 

Krim Ukraine Russland Konflikt Soldaten Militärbasis Ukraine
L'annexion de la Crimée en 2014 est une des sources de tension entre l'Occident et la Russie.Image : picture-alliance/dpa

Mais la politique offensive du président russe, notamment sur le plan militaire, n'est pas sans conséquence sur les relations avec l'étranger, et notamment l'Occident. La dernière affaire en date, où Londres accuse Moscou d'avoir empoissonné un de ses ex-agents sur le territoire anglais, illustre une montée croissante des tensions. "Il y a une vraie perte de confiance entre l'Occident et la Russie, et certains analystes estiment qu'il est devenu difficile d'enrayer cette spirale, en tous cas de rattraper ce qui a été fait", commente Aude Merlin.

Pendant la campagne le président russe a promis d'éviter toute "course aux armements" et il prévoit une baisse des dépenses militaires en 2018 et 2019. "Moscou garde cependant une capacité d'utilisation et d'influence via d'autres méthodes : via les médias ou encore via des alliances avec des partis extrêmes en Europe", explique Aude Merlin. "Inquiet", le président de la République fédérale Franck Walter Steinmeier a appelé ce dimanche à la recherche de nouvelles "initiatives et opportunités" pour dialoguer avec la Russie. 

Des défis intérieurs

Russland Putin Amtseinführung
Image : Reuters/Sputnik/A. Nikolskyi

Au plan interne, les défis que devra relever le président russe sont nombreux. Le pays est encore, par exemple, très touché par la corruption. "C'est une situation qui inquiètent les investisseurs, qui ne sont pas attirés par le pays", explique encore Aude Merlin. Vladimir Poutine a promis aussi de réduire le niveau de pauvreté qu'il juge "inacceptable" dans son pays. 20 millions de Russes vivent sous le seuil de pauvreté. 

La Russie souhaite aussi engager un nouveau "bond technologique". "Il y a du retard, dans la modernisation des infrastructures, la lutte contre la corruption et un retard dû aussi à une absence de vision en terme démographique", décrypte la spécialiste de l'université de Bruxelles. 

L'après Poutine

Russland Protest gegen Putin in Moskau Kosaken
1600 personnes ont été arrêtées lors des manifestations à l'appel de l'opposition samedi dernier.Image : picture-alliance/dpa/AP

Enfin, Vladimir Poutine devra gérer la question de sa succession. "2024 est très loin, et il peut se passer beaucoup de choses. Mais, on peut imaginer une sorte de poursuite dans la stabilité vantée par le Kremlin, avec la recherche d'une sorte de poulain. Une relève générationnelle qui ne remettrait pas en cause le logiciel politique fondamental en vigueur, mais qui ne serait pas non plus l'occasion d'une réelle élection compétitive", analyse Aude Merlin. 

L'opposition, qui avait manifesté samedi, avant la prestation de serment du quatrième mandat, dénonce toujours de graves entorses à la démocratie. 1600 personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles le célèbre opposant Alexeï Navalny. Il sera jugé cette semaine pour, selon lui, "organisation d'une manifestation non autorisée et résistance à la police". 

Vous pouvez écouter l'intégralité de l'interview avec Aude Merlin, en cliquant sur l'image au dessus de l'article.

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_