RDC : Entre avancée et recul constitutionnel ?
22 janvier 2015Le projet de loi qui crée la polémique est constitué de 209 articles dont deux alimentent la polémique. L'article 8 dispose que la liste électorale est actualisée en fonction de l'évolution des données démographiques et de l'identification de la population. Selon l'opposition, cela revient à conditionner la tenue de la présidentielle à l'organisation d'un recensement. Faux ! rétorque le camp présidentiel.
Réaction du camp présidentiel
Dans un entretien téléphonique qu'il nous a accordé, Richard Muyej, ancien ministre de l'intérieur et membre du bureau politique de la majorité présidentielle, accuse l'opposition d'avoir des intentions cachées derrière toutes les manifestations enregistrées jusqu'ici :
" Provoquer des rencontres, se partager le pouvoir à tout moment, c'est malheureusement ça l'objectif caché des politiciens. Mais il faut que ça change ! Le premier jour, on a observé quelques marches des militants de partis avec des slogans qu'on a pu percevoir ci et là, mais le deuxième jour c'était plutôt un mouvement de casseurs ! Et le peu qui a été construit, on essaie de le détruire. Les bus qui ont été achetés, on les détruit. Et on revient le lendemain avec des discours du genre "il n'y a pas de moyens de transport pour la population, il n'y a pas d'hôpitaux, il n'y a pas suffisamment de supermarchés", mais ce qui est construit est détruit !"
Recul démocratique ?
Mais le camp du président Kabila doit encore convaincre. Car un autre point d'achoppement dans son projet de loi concerne la représentation paritaire au sein des organes politiques. Un principe important de l'ancienne loi qui risque de disparaître. Et c'est ce que regrette Bertin Kangamotema, journaliste collaborateur au groupe de presse "Potentiel Online" :
" Le projet de loi, tel qu'il est en discussion maintenant, a élagué cette disposition. Et comme les femmes n'ont pas une bonne représentativité, même au sein du gouvernement et dans les instances de prise de décision, on a pensé que si la loi électorale, l'inscrit, tel que voulu par la constitution, il y a beaucoup plus de chances pour que, lors du dépôt des candidatures, les partis tiennent compte de cette disposition."
C'est en décembre 2016 que le mandat du président Joseph Kabila arrive à échéance. La Constitution prévoit qu'une élection ait lieu 90 jours avant la fin du mandat en cours. C'est ici un autre feu rouge que l'opposition accuse la majorité au pouvoir, de vouloir ignorer.