Visite historique du pape en Grande-Bretagne
16 septembre 2010Benoît XVI n'arrive pas en terre conquise. Avant lui, Jean-Paul II avait effectué en 1982 une simple visite pastorale. Depuis cinq siècles, la Grande-Bretagne a tourné le dos à la papauté et l'Eglise anglicane a suivi une voie plus libérale que sa sœur catholique romaine.
Un pape trop conservateur
Aujourd'hui, l'île compte à peine 10% de catholiques et de nombreux Britanniques désapprouvent totalement les positions de Rome sur l'avortement, la contraception, l'homosexualité et contre l'ordination de femmes prêtres, un conservatisme que Benoît XVI incarne encore plus que son prédécesseur Jean-Paul II. Terry Sanderson est l'un des portes-paroles du mouvement qui a appelé à manifester samedi contre le pape :
« Nous ne sommes pas anti-catholiques, nous sommes contre ce pape. Il n'est pas tourné vers l'avenir, au contraire : il est en train de ramener l'Eglise en arrière. »
Les scandales de pédophilie révélés en cascade depuis un an ont encore un peu plus terni l'image du catholicisme. Dans l'avion qui le conduisait à Edimbourg, Benoît XVI a tenté d'arrondir les angles en confessant au groupe de journalistes qui l'accompagnaient qu'il avait été « choqué » par ces révélations et que l'Eglise n'avait pas été « assez vigilante », ni « assez ferme et rapide pour prendre les mesures nécessaires ». Il a également affirmé ne pas s'inquiéter d'éventuelles manifestations d'hostilité. L'archevêque de Westminster Vincent Nichols, plus haut dignitaire de l'Eglise catholique d'Angleterre, est lui aussi confiant quant à l'accueil réservé au pape :
« Je suis relativement certain que les catholiques se réjouissent de cette visite, j'en vois des signes quotidiennement. Ils vont témoigner de leur soutien et de leur sympathie au pape Benoît XVI. »
14 millions d'euros dépensés pour recevoir Benoît XVI
Le coût de la visite pontificale est également source de mécontentement pour les Britanniques : le gouvernement dépense 14 millions d'euros pour recevoir Benoît XVI, une pillule qui a du mal à passer alors que la Grande-Bretagne a entamé une cure d'austérité. Autre polémique : les fidèles ont dû débourser jusqu'à 30 euros pour pouvoir participer aux trois grandes messes célébrées par le pape à Glasgow, Londres et Birmingham. Résultat : des milliers de tickets sont restés invendus et les assemblées pourraient être assez clairsemées.
Après Edimbourg, Benoît XVI poursuit sa tournée à Londres. Dimanche à Birmingham, le pape prononcera la béatification du cardinal de Birmingham John Henry Newman, qui s'était converti au 19ème siècle au catholicisme.
Auteur : Anne Le Touzé
Edition : Jean-Michel Bos