Vers des chemins de fer privatisés ?

Trois grands quotidiens, la Süddeutsche Zeitung, la Frankfurter Rundschau et Die Welt, publient en Une la photo des décombres du pont qui s’est effondré près de Minneapolis, aux Etats-Unis. Die Welt parle de « catastrophe historique » qui, selon les pires estimations des autorités américaines, aurait pu faire jusqu’à une trentaine de morts, parmi les automobilistes qui empruntaient ce pont autoroutier au moment de l’accident, la plupart pour se rendre au travail.

La Süddeutsche Zeitung se fait quant à elle l’écho des critiques de plus en plus nombreuses quant à la mission de la Bundeswehr, en Afghanistan. Depuis que des ressortissants allemands ont été enlevés dans le pays, écrit le journal, et avec les résultats accablants de l’autopsie de l’un d’entre eux, près de deux tiers de la population allemande sont hostiles à la présence de soldats de République fédérale sur le terrain.

Par ailleurs, la SZ revient également sur des protestations d’un autre ordre : celles des gouvernements régionaux contre les projets de privatisation totale de la Deutsche Bahn, la société allemande des chemins de fer. Une opposition que le quotidien s’explique par la crainte des Länder de voir une DB complètement privatisée préférer investir dans des projets prestigieux de trains à grande vitesse plutôt que dans des petites lignes de proximité peu rentables mais nécessaires aux habitants des régions les plus reculées.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung ajoute que les ministres régionaux des transports redoutent qu’après sa privatisation totale, la DB ne puisse plus remplir sa mission de maintenance des infrastructures ferroviaires. La FAZ évoque aussi les difficultés que traversent les marchés financiers. Le journal se demande s’il ne s’agit que de turbulences passagères ou d’une véritable tornade en provenance des Etats-Unis qui pourrait provoquer un désastre de grande ampleur. Le quotidien dissèque les arcanes du système actuel, un système basé sur la spéculation à outrance, et qui fait que les problèmes des organismes de crédit américains peuvent conduire des fonds de pension à la faillite, des banques d’investissements suisses ou australiennes à enregistrer de grosses pertes ou encore des fonds spéciaux allemands à mettre la clef sous la porte. Pour l’heure, ces troubles n’ont pas de répercussions sensibles sur l’économie mondiale réelle qui continue de se porter extraordinairement bien, mais, pour que cela dure, le journal conservateur recommande de prendre de nouveau en compte le facteur risque lors des transactions.