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Une offensive à l'issue incertaine

4 novembre 2011

L'offensive kényane contre les milices islamistes al-chebab dans le sud de la Somalie continue de retenir l'attention de la presse allemande. Elle soulève aussi des interrogations.

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Hélicoptère kényan en SomalieImage : dapd

Les Kényans, écrit la Süddeutsche Zeitung, veulent avant tout le calme et la sécurité dans leur voisinage et à leur frontière. Ils voudraient aussi créer, avec des milices somaliennes alliées, une zone tampon pour que les forces ennemies ne sévissent plus sur le sol kényan. Car les attaques compromettent l'essor d'un pays qui attire des touristes et des investisseurs du monde entier. Les troupes kényanes ont effectivement de bonnes chances, poursuit le journal, de vaincre militairement leur ennemi héréditaire dans le sud de la Somalie. Leurs soldats sont mieux équipés que les chebab. Les Kényans ont une aviation et sont conseillés par des forces spéciales occidentales. Et pourtant, souligne le journal, même si l'offensive contre les chebab réussit et que le Kénya parvient à chasser les islamistes de leur principale base, à savoir le port de Kismayo, le gouvernement kényan n'aura pas gagné grand chose tant qu'il ne pourra coupler l'offensive militaire avec un judicieux plan politique. Dans le cas d'une victoire militaire sur les islamistes, Nairobi devra donc combler très rapidement le vide politique dans le sud de la Somalie. Or, c'est là que le bât blesse. Car, ajoute notre confrère, peu importe qui sera hissé sur le trône par le Kénya dans le sud de la Somalie. L'important est ce que cela signifie pour la structure de pouvoir globale dans le pays. Si l'invasion kényane ouvre de nouveaux fronts, elle sera plus nuisible qu'utile.

Flüchtlinge Sudan
Déplacés dans le Kordofan-SudImage : picture alliance / dpa

Combats dans les monts Nuba

Combats dans le sud de la Somalie donc, combats également, et ils semblent même infiniment plus violents, dans le Kordofan-Sud, cette province du Soudan, frontalière du Soudan du sud. die Tageszeitung relate que les combats dans les monts Nuba sont de plus en plus sanglants. Selon le gouverneur du Kordofan-Sud, plusieurs centaines de combattants du SPLM-N ont été tués. Le SPLM-N, explique le journal, est la branche nord-soudanaise de l'ancien mouvement de libération qui gouverne maintenant dans le Soudan du sud. Depuis l'indépendance du Soudan du sud en juillet dernier, les affrontements se multiplient dans les régions frontalières peuplées majoritairement d'ethnies sud-soudanaises dont l'appartenance au nord ou au sud est restée floue lors de la partition du pays. Cette escalade militaire amoindrit aussi les chances de rapprochement politique à Khartoum. Depuis l'indépendance du Soudan du sud, certains postes occupés auparavant par des membres du SPLM dans le gouvernement de Khartoum sont toujours vacants.

Libyen Jubel in Bengasi Jubel Frauen mit Nagellack
Après la chute de Tripoli - des oncles peints aux couleurs de l'ancien drapeau libyenImage : dapd

Renforcer le rôle des femmes en Libye

"Les hommes ne font pas le printemps", titre l'hebdomadaire Die Zeit. Il est question de la Libye où, souligne le journal, ce sont les jeunes femmes qui ont le plus à perdre ou à gagner si le pays se dote d'une nouvelle constitution. L'enjeu pour elles, n'est pas seulement la liberté d'opinion. Ce sont aussi leurs droits individuels, la liberté de participer à la vie politique et au monde du travail, la liberté de mener une vie autonome. Seules les femmes libyennes, poursuit le journal, peuvent nous dire ce dont elles ont besoin. J'ai rencontré en Libye, relate l'auteur de l'article, des jeunes femmes qui racontaient fièrement comment elles avaient contribué à la victoire sur Kadhafi, comment elles avaient par exemple transporté de l'argent et des munitions cachés dans les couches de leurs enfants. Aussi cruel que cela puisse sembler, la guerre est un facteur de modernisation sociétale, car elle brise des structures patriarcales et assigne aux femmes des rôles nouveaux puisque leurs hommes sont partis se battre. Les femmes veulent préserver ces espaces de libertés, même si les hommes qui ont survécu à la guerre sont maintenant rentrés dans leurs familles.

Symboldbild Moderne Muslime Islam
Symbolbild zu dem Thema: "Moderne Muslime". Bild: Andreas Gradin Fotolia #20374080 Eingestellt am 22.02.2011Image : Fotolia/Andreas Gradin

Islam et démocratie

Dans les colonnes du quotidien Die Welt, le politologue et historien égyptien Hamed Abdel-Samad pose des questions: l'Otan a-t-elle ouvert à coup de bombes la voie à la charia en Libye? Le jeune Bouazizi s'est-il immolé pour que les islamistes prennent le pouvoir en Tunisie? Des millions d'Egyptiens sont-ils descendus dans la rue pour qu'au bout du compte les militaires et les Frères musulmans se partagent le pouvoir? En est-ce fini du rêve arabe de liberté et de démocratie? On pourrait répondre oui, écrit l'auteur, mais la situation est plus compliquée que cela. Ce que nous vivons dans le nord de l'Afrique n'est qu'une évolution naturelle en période post-révolutionnaire. On assiste d'abord à l'éclatement des maladies restées occultées pendant des décennies sous la dictature. Quant à la question de savoir si l'islam est compatible avec la démocratie, la réponse, selon Hamed Abdel-Samad, est clairement non. La révolution, écrit-il, a eu lieu non pas à cause de l'islam, mais malgré l'islam. Jamais la démocratie n'est née de la matrice d'une religion.

Sieben Millarden Menschen
Danica, le bébé philippin symbole du 7miliardième humainImage : AP

Sept milliards d'humains

La presse allemande consacre encore quelques articles à la population mondiale qui selon l'Onu atteint donc maintenant sept milliards d'habitants. La baisse de la natalité, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung ne s'observe que dans les pays riches. Le processus est automatique dès qu'un peuple a compris qu'il n'a pas besoin d'un taux de natalité élevé pour maitriser son avenir. En Afrique la population devrait tripler pour approcher les quatre milliards en 2100. Au sud du Sahara surtout, poursuit le journal, aucun inversement de cette tendance n'est en vue. Le nombre de grossesses chez les filles mineures a même augmenté. Or selon les Nations unies, plusieurs centaines de millions de femmes, notamment en Afrique, mettraient moins d'enfants au monde si elles avaient la possibilité d'échapper à un destin qui leur est dicté par la tradition. die tageszeitung prend l'exemple de la mégapole de Lagos, au Nigeria, où le développement des infrastructures n'arrive pas à suivre le rythme du boom démographique. Les plus touchés, écrit le journal, sont comme toujours les plus pauvres, même si le gouvernement prévoit l'introduction d'un salaire minimum de 18 000 nairas, environ 90 euros. Pour un malheureux trou, sans fenêtre et sans douche, il faut compter, selon l'emplacement jusqu'à l'équivalent de 500 euros par an. Il ne reste pratiquement plus rien pour vivre. Cela n'empêche pas l'afflux, jour après jour, de centaines de nouveaux arrivants à Lagos.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Georges-Ibrahim Tounkara