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Une catastrophe qui menace de s'amplifier

Philippe Pognan12 septembre 2014

Ebola: un thème encore largement commenté dans les journaux. Les éditorialistes se penchent sur le rôle de l'Organisation mondiale de la Santé et évoquent aussi les espoirs liés à la recherche contre le virus.

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Une année difficile pour Margaret Chan, la directrice générale de l'OMS
Une année difficile pour Margaret Chan, la directrice générale de l'OMSImage : Reuters

Cela n'aura pas été une année facile jusqu'ici pour l'Organisation mondiale de la Santé et particulièrement pour sa directrice générale Margaret Chan, souligne la Süddeutsche Zeitung. Au printemps, le virus mortel Mers s'est propagé dans le monde arabe. En mai, l'agent pathogène de la poliomyélite a fait son retour dans plusieurs pays, alors que la maladie était considérée comme étant quasiment éradiquée. Tout cela s'est ajouté au combat quotidien de l‘OMS contre la sous-alimentation, le tabagisme, le suicide, l'hypertension artérielle, la violence domestique, le diabète ou encore l'obésité.

Ebola rend la tâche de l'OMS bien difficile

Depuis neuf mois maintenant, le virus se propage en Afrique de l'Ouest, en août la médecin en chef du monde a proclamé l'état d'urgence international – six semaines après que l'organisation Médecins sans Frontières avait lancé un cri d'alarme et prévenu que l'épidémie n'était plus sous contrôle. Certains disent que Chan, née en 1947 à Hongkong, prend ses décisions de manière sereine, réfléchie. D'autres la trouvent trop sereine.

Depuis le début de sa carrière, la doctoresse se soucie de la santé de peuples entiers, moins de celle de patients individuels. Le fait qu'elle ait quelque peu tardé à déclarer l'épidémie d'Ebola comme étant un problème global et à appeler le monde à réagir n‘était pas dû cette fois à sa sérénité, mais à des réductions de budget auxquelles est confrontée l'OMS. En début d'année, l'organisation ne disposait pas d'assez de personnel pour mesurer l'ampleur de l‘épidémie, souligne la Süddeutsche Zeitung.

Pessimisme quant à l'évolution de la situation

La situation au Liberia notamment s'aggrave de manière dramatique, relève la SZ dans un autre article. Des malades atteints de la fièvre hémorragique parcourent les villes du pays, du nord au sud et d'est en ouest à la recherche d'aide. De cette manière ils favorisent la propagation du virus partout où ils passent. Et si les hôpitaux et les dispensaires débordés les refusent, ils rentrent souvent dans leurs familles où ils contaminent encore d'autres personnes.

Enterrement d'une victime d'Ebola près de Monrovia
Enterrement d'une victime d'Ebola près de MonroviaImage : picture-alliance/dpa/A. Jallanzo

Dans 14 des 15 districts du pays, le virus d'Ebola a été constaté. Personne ne s'attend pour le moment à une fin prochaine de l'épidémie - au contraire. Le nombre de cas d'Ebola va même probablement augmenter de manière exponentielle. Le journal cite l'OMS, qui a averti qu‘au cours des trois prochaines semaines, des milliers de personnes pourraient contacter le virus d'Ebola, cela rien qu'au Liberia !

Scientifiques et chercheurs alimentent l'espoir

Plusieurs substances sont à l'étude, dont deux nouveaux vaccins prometteurs qui doivent être testés de manière accélérée, relève le quotidien suisse allemand Neue Zürcher Zeitung. Les experts sont toutefois unanimes sur le fait que ces vaccins ne doivent être testés que dans le cadre strict d'études scientifiques. Car c'est le seul moyen de déterminer le degré d'efficacité des différentes thérapies. Les deux vaccins dans lesquels l'OMS place aussi ses espoirs sont le VSV Ebola et le ChAd-Ebola. À la base de ces deux remèdes à l'étude: des virus rendus inoffensifs et munis d'un code génétique de certaines protéines d'Ebola. Cet "équipement spécial" est censé inciter l'organisme humain à produire des anti-corps adéquats pour combattre le virus.

Les laboratoire de recherches biotechnologiques sont à pied d'œuvre
Les laboratoire de recherches biotechnologiques sont à pied d'œuvreImage : DW

Selon les résultats d'une étude toute récente, on a réussi avec ces vaccins à protéger des singes du virus d'Ebola et cela de manière durable. Et une preuve d'efficacité sur des singes, nos parents les plus proches, est l'une des conditions pour pouvoir procéder à de premiers tests sur des humains, relève la Neue Zürcher Zeitung qui précise que ces vaccins ne seront dans un premier temps injectés qu'aux médecins et au personnel médical qui sont confrontés quotidiennement aux patients atteints du virus Ebola et qui encourent un haut risque de contamination.

Installations pétrolières de la firme Chevron à Escravos, au Nigeria
Installations pétrolières de la firme Chevron à Escravos, au NigeriaImage : picture-alliance/dpa

Bannir les grandes sociétés pétrolières

La taz, die tageszeitung de Berlin évoque les appels du ministre allemand de la Coopération et du Développement à mettre au ban une grande société pétrolière intenationale sise aux Pays Bas.

Un appel pour le moins inhabituel relève la taz. De retour du Nigeria où il a visité la région du delta du Niger, Gerd Müller a déclaré à la tageszeitung : "Si vous voyiez les habitudes et les normes d'exploitation pétrolière, aucun d'entre vous n'irait faire son plein d'essence à la station-service de cette compagnie, appelant ainsi indirectement à éviter les stations Shell. L'exploitation pétrolière au Nigeria a entraîné une catastrophe écologique. Mais non seulement Shell opère dans le delta du Niger, rappelle le journal, mais aussi Exxon-Mobil, Chevron, Agip et Total.

Le groupe musical Nidma composé de Pygmées Aka du Congo-Brazzaville, lors d'un concert à Bonn
Le groupe musical Nidma composé de Pygmées Aka du Congo-Brazzaville, lors d'un concert à BonnImage : Klangkosmos

Müller critique aussi sévèrement l'industrie textile mondiale. Sans en citer expressément le nom, le ministre attaque Adidas, fabriquant du maillot de la Mannschaft, l'équipe nationale de football. Un maillot vendu 84 euros. "Mais l'ouvrière qui coud ce maillot au Bangladesh n'en reçoit que 15 centimes, s'indigne Gerd Müller, relevant que les grosses sociétés occidentales exploitent trop souvent leurs employés en Asie et en Afrique. Une position critique, écrit le journal, qui souhaite que des conséquences concrètes en découlent.

"Song from the Forest ", " Chanson de la forêt "

Le journal Berliner Zeitung évoque, dans ses pages culturelles, un film documentaire inhabituel et que le journal qualifie "d'hymne à un paradis presque perdu". C‘est l'histoire vraie d'un jeune Américain, Louis Sarno, qui, un jour, entend à la radio un chant de Pygmées. Il est alors tellement ému par la beauté de ce chant qu'il décide d'aller vers les sources de cette musique. C‘est ainsi qu'avec quelques dollars en poche et un enregistreur à cassette, il part pour l'Afrique centrale où il atteint finalement le but de sa recherche dans la tribu des Bayaka, en pleine jungle du bassin du Congo. Il apprend alors leur langue, épouse Gomà, une femme Pygmée qui donne naissance à un garçon qu'ils nomment d'après le jour de sa naissance, Samedi Mathurin Bokumbe.

Depuis 25 ans, maintenant l'Américain est intégré dans cette tribu qui vit de la chasse et de la cueillette dans la forêt tropicale. Une histoire pleine de poésie, malgré les menaces qui pèsent sur la forêt et ses habitants. Les chants enregistrés par Louis Sarno, près de mille heures de "Chansons de la Forêt" sont devenus entretemps des documents de musée. En 2003, l'UNESCO les a officiellement déclarés comme faisant partie du patrimoine de l'Humanité. Ils sont archivés et numérisés dans la bibliothèque musicale du Musée Pitts River de l'Université d'Oxford .