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Une battante à la tête du Malawi

13 avril 2012

Au Malawi. Joyce Banda a pris la succession de Bingu wa Mutharika, décédé d'un arrêt cardiaque. Elle était auparavant vice-présidente. Les journaux allemands la présentent sous les traits d'une femme à poigne.

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Joyce BandaImage : Reuters

Comme le note la Süddeutsche Zeitung, les drapeaux étaient encore en berne à Lilongwe quand la nouvelle présidente commençait déjà à faire le ménage. A 61 ans, Joyce Banda ne veut pas perdre de temps. Sa première action a été de limoger le chef de la police Peter Mukhito. Il était tenu pour responsable de la mort d'au moins 19 personnes lors des manifestations anti-gouvernementales de juillet 2011. L'investiture de Joyce Banda comme première femme chef d'Etat d'un pays de l'Afrique australe suscite l'espoir qu'elle pourra mettre fin à l'isolement du Malawi. Son prédécesseur Bingu wa Mutharika avait rompu en 2004 avec les donateurs occidentaux. Mais le Malawi est parmi les pays les plus pauvres du monde. Son budget dépendant largement de l'argent des occidentaux, il avait glissé dans une sévère crise économique. Le journal rappelle aussi que Joyce Banda était vice-présidente depuis 2009, mais qu'elle avait été exclue en 2010 du parti gouvernemental pour avoir contesté la volonté du président Mutharika d'installer son frère, Peter Mutharika, comme successeur.

Fischfang in Malawi
Pêcheurs au MalawiImage : Matthias Bölinger

Tous les journaux évoquent bien sûr le combat mené par Joyce Banda pour les droits des femmes. Comme Ellen Johnson Sirleaf au Liberia, Joyce Banda peut sauver son pays, écrit Die Welt. A 25 ans, note le journal, elle avait déjà trois enfants, d'un homme qui la battait. A l'époque, vers le milieu des années 70, elle vivait au Kenya, là où s'articulait l'un des premiers grands mouvements féministes. Joyce Banda a pris alors sa destinée en mains: elle a divorcé et a créé plusieurs associations au service des femmes et de l'éducation. Elle a maintenant prouvé qu'en Afrique aussi des femmes peuvent atteindre les sommets. Le pourcentage de femmes dans les parlements est déjà supérieur, dans certains pays, à la moyenne mondiale de 18%. Au Rwanda et en Afrique du sud il dépasse les 40%.

Einweihung des neuen Präsident in Mali Dioncounda Traoré
Investiture du nouveau président malien Dioncounda TraoréImage : Reuters

Nuages sur le Mali

Le Mali a lui aussi un président par intérim. C'est un homme: Dioncounda Traoré. Son investiture fait suite à l'accord intervenu entre la CEDEAO et les putschistes qui ont renversé le président Amadou Toumani Touré. Mais la presse allemande ne croit pas pour autant à des lendemains qui chantent au Mali. Les putschistes jettent l'éponge, écrit die tageszeitung, mais les putschistes ne sont qu'un moindre mal. Ces dernières semaines ils n'ont jamais représenté une menace sérieuse. Il en va tout autrement de la situation dans le nord du pays, où l'armée touareg du MNLA a proclamé l'indépendance de l'Azawad. Le Mali est donc plus éloigné que jamais d'une solution pacifique. Ni le gouvernement de Bamako, ni la communauté internationale ne veulent une sécession du Nord-Mali. Une intervention de la CEDEAO, au besoin avec recours à la force - serait donc possible. Mais poursuit le journal, même sans intervention des élections crédibles sont impensables. Des centaines de milliers de personnes sont encore en fuite, les infrastructures ne fonctionnent pas. Comment imaginer des combats au nord, et des élections au sud? Une fois de plus le nord se sentira méprisé et marginalisé, quelle que soit l'évolution de la situation. Car souligne le journal, à l'évidence personne au Mali ne cherche des amorces de solutions durables.

Wer hat das Bild gemacht/Fotograf?: Katrin Gänsler
Enfants dans le camp de réfugiés de Duékoué, octobre 2011Image : DW

Justice de vainqueur en Côte d'Ivoire

La Côte d'Ivoire fait également parler d'elle cette semaine dans la presse allemande. L'occasion en est fournie par le premier anniversaire, le 11 avril, de l'arrestation de l'ancien président Laurent Gbagbo. Un an après cette arrestation, lit-on dans le Tagesspiegel de Berlin, la paix reste extrêmement fragile en Côte d'Ivoire. Cela tient tout d'abord au fait que les deux rivaux, Gbagbo et Ouattara, ont toujours joué la carte ethnique et donc accentué la bipolarisation religieuse du pays. Alors que la population chrétienne continue de soutenir Gbagbo, le président Ouattara s'appuie sur ses partisans musulmans du nord. Il n'est pas du tout certain, poursuit le journal, que Ouattara réussisse la réconciliation promise. Lors des sanglants combats qui ont suivi l'élection présidentielle d'il y a 16 mois, les soldats de Gbagbo n'ont pas été les seuls à commettre de graves crimes. Beaucoup de partisans de Ouattara en ont également commis. Or jusqu'à présent aucun coupable n'a été appellé par Ouattara à rendre des comptes. Seuls des partisans de Gbagbo font l'objet de poursuites déplore le journal qui dénonce une justice de vainqueur.

Nairobi Straßen Verkehr
Dans une rue de NairobiImage : AP

Boom de la classe moyenne en Afrique

Un sujet, déjà été évoqué plusieurs fois dans la presse allemande, revient cette semaine dans les colonnes de l'hebdomadaire Die Zeit. C'est l'émergence d'une classe moyenne en Afrique. Selon la Banque africaine de développement elle totalisait 100 millions d'Africains il y a trente ans. Aujourd'hui ils sont 300 millions. C'est une évolution, note die Zeit, que l'on peut observer sur tout le continent. Au Ghana le nombre de voitures et de motos a augmenté de 80% en cinq ans. Au Botswana il y aujourd'hui plus de téléphones portables que d'habitants. La classe moyenne est devenue si grande que beaucoup d'experts la jugent capable de doper l'économie africaine. Car à la différence des pauvres la classe noyenne consomme plus que le strict nécessaire. Le second espoir est que la classe moyenne impose enfin des réformes dans l'éducation et la santé. A la différence des pauvres elle peut se permettre de penser au-delà du lendemain. A la différence des riches elle ne peut envoyer ses enfants dans des internats anglais. Mais poursuit le journal qui prend l'exemple du Kenya, le boom de la classe moyenne a aussi son revers de la médaille. C'est une classe qui veut de meilleurs produits, mais qui ne les obtient qu'à partir de l'étranger. Résultat: le déficit de la balance commerciale du Kenya se creuse. Le shilling a beaucoup perdu de sa valeur. Et comme le Kenya doit aussi importer des denrées de base comme le riz, la faiblesse de la monnaie renchérit le coût de la vie pour tout le monde. C'est désagréable pour la classe moyenne, c'est une catastrophe pour les pauvres.

Auteur:Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum