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Un séisme qui pourrait conduire à une accalmie

Audrey Parmentier10 octobre 2005

Des visages hagards, mutilés, un bras qui dépasse des décombres. Ces images en provenance du Cachemire indien, qui a donc été dévasté samedi par un séisme, sont à la une de tous les journaux allemands. Mais ce qui ressort dans les commentaires de nos confrères, c’est l’accalmie –provisoire – qu’entraîne cette catastrophe dans le conflit qui oppose l’Inde au Pakistan.

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Image : dpa

L’espoir dans la misère. C’est ainsi que "die Welt " résume la situation. Cela fait soixante ans que les deux puissances nucléaires se battent pour obtenir le Cachemire. Et tout à coup, ce conflit paraît bien dérisoire face aux cris des enfants dans les décombres, des cris qui se font de plus en plus sourds. Dérisoire aussi pour ceux qui ont dû creuser la terre pour retrouver leurs proches. Le paradis sur terre, c’est ainsi qu’on appelle le Cachemire, s’est effondré. Les hommes politiques indiens et pakistanais n’ont pas le droit, encore moins que d’habitude, d’aggraver la situation de cette région dévastée avec leur petite guéguerre, écrit le journal.

Moins mélodramatique, la "Süddeutsche Zeitung" relève elle aussi l’ironie du sort : comme si les habitants du Cachemire n’avaient pas déjà suffisamment connu d’horreurs… Et voilà que la nature détruit à son tour le Cachemire. La terre a grondé et tremblé, mais peut-être que cette catastrophe va renforcer le personnage de Pervez Musharraf. Celui qui combat les militants islamistes à l’intérieur de son pays va désormais devoir faire ses preuves en tant que manager de catastrophes. Or l’armée qu’il dirige est la seule institution qui puisse apporter son aide. Quant aux terroristes, souligne le journal de Munich, ceux-là mêmes que combat Musharraf au prix de nombreuses critiques, ils devront d’abord gérer les conséquences du tremblement de terre avant de pouvoir fabriquer de nouvelles bombes.

Comme le rappelle la "Frankfurter Rundschau", le Pakistan est une bombe à retardement, un repère où grouillent les talibans, les membres d’Al Qaeda et les extrémistes en tout genre. Et l’occident a le devoir moral mais aussi politique d’aider ce pays. Il n’y aurait rien de plus dangereux, note le journal, que de donner maintenant l’impression aux Pakistanais qu’on les laisse tomber.

De son côté, la "Frankfurter Allgemeine Zeitung" souligne l’importance du coup de téléphone entre Manmohan Singh et Pervez Musharraf. Une conversation au cours de laquelle les deux dirigeants ne se sont pas contentés d’exprimer leur sympathie respective. Ils sont aussi mis d’accord sur une coordination de leurs systèmes d’aide, une première forme concrète du concept de frontières souples défini il y a six mois.

La "taz", elle, fait le parallèle avec le séisme de Turquie en 1999, où l’aide grecque a permis un rapprochement entre les deux pays, et bien sûr avec le tsunami de décembre dernier qui a conduit à un accord de paix dans la province d'Aceh. Mais cette accalmie n’est pas automatique, note le journal : au Sri Lanka, le même tsunami l’a bien montré :le différend concernant la distribution de l’aide n’a fait qu’augmenter la méfiance entre les deux parties du conflit. En tout cas, ce séisme est un test pour les hommes politiques. Et s’ils le réussissent, conclut le journal, alors tous ces gens ne seront pas morts pour rien.