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Un risque pas si grand que ça...

15 novembre 2010

Les éditorialistes commentent l’appel lancé par la dissidente birmane Aung San Suu Kyi pour unir l’opposition à la junte au pouvoir. Le Prix Nobel de la paix a été libéré samedi après 7 ans d'assignation à résidence

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Aung San Suu Kyi lors de sa libérationImage : AP

« Nouvel espoir en Birmanie » titre la Süddeutsche Zeitung. D’abord des élections le 7 novembre, les premières depuis 20 ans, et puis la libération de la dissidente birmane la plus célèbre. Le journal se veut tout de même prudent : les militaires au pouvoir ont tout fait pour influencer le scrutin, ils ont même réussi à diviser l’opposition. Cela rend la tâche d’Aung San Suu Kyi d’autant plus difficile, et elle l’a compris : elle doit désormais travailler avec cette nouvelle génération d’activistes pragmatiques qui ne veulent plus s’opposer radicalement au régime en place. D’ailleurs, ils avaient refusé l’appel au boycott des élections lancé par Aung San Suu Kyi. Cette dernière a donc raison de chercher le dialogue…

La Frankfurter Allgemeine Zeitung partage cet avis : la lauréate du prix Nobel de la Paix a intérêt à trouver un terrain d’entente avec toutes les franges de l’opposition. Pour le quotidien, c’est aussi le pari que fait la junte au pouvoir : si Aung San Suu Kyi échoue à réunir l’opposition, alors sa libération aura valu le coup. Le risque que prend le régime en place n’est pas si grand que ça.

Burma bevorstehende Freilassung von Suu Kyi
Des partisans d'Aung San Suu Kyi se sont mobilisés pour qu'elle soit libéréeImage : AP

Il est même nul, renchérit die tageszeitung, qui rappelle que la junte a toutes les clés en main. Si Aung San Suu Kyi gagne en popularité et qu’elle est une nouvelle menace pour le pouvoir en place, alors celui-ci trouvera n’importe quel prétexte pour la remettre en prison. Le quotidien rappelle que la junte a choisi son moment pour libérer la célèbre dissidente. Pas avant le scrutin du 7 novembre, c’était trop risqué, Aung San Suu Kyi aurait pu intervenir. En revanche, la libérer quelques jours après les élections, permet au régime de relayer au second plan les critiques de la communauté internationale sur un simulacre de scrutin. Aujourd’hui, le peuple birman attend de la dissidente qu’elle réunisse l’opposition divisée et réconcilie les ethnies – c’est une lourde tâche, Aung San Suu Kyi a une volonté de fer, mais, prévient die taz, sa liberté est entre les mains des militaires.

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L'euro en crise ?Image : picture-alliance/dpa

Enfin, un mot pour finir sur la situation économique en Irlande – l’Irlande qui pourrait bien être une Grèce numéro 2, selon Die Welt. Il faut se préparer au fait que même des économies solides comme celle de l'Irlande tombent en faillite. Mais au vu des querelles entre les Etats européens sur le cours de l’euro ou sur les règles de discipline budgétaire, il n’est même plus sûr que la monnaie européenne ait un avenir…


Auteur : Cécile Leclerc
Edition : Marie-Ange Pioerron