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Un référendum de tous les dangers

8 octobre 2010

Il est un sujet dans l'actualité africaine qui commence à préoccuper de plus en plus les journaux. C'est le référendum d'autodétermination, prévu pour le 9 janvier 2011 au Sud-Soudan.

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Ecole de police au Sud-SoudanImage : DW

Ce référendum est pour la Tageszeitung une bombe à retardement. Si la date du 9 janvier n'est pas respectée, les tentatives de déstabilisation du Sud-Soudan par le président El Béchir pourraient réussir. Khartoum n'arme pas seulement les rebelles ougandais de l'Armée de résistance du Seigneur, qui en dehors de certaines régions de la RDC et de la Centrafique sèment aussi l'insécurité au Sud-Soudan. Khartoum, souligne le journal, arme également divers chefs de guerre dans les provinces de Jonglei, de Unity et du Haut-Nil.

A moins de cent jours du référendum, note la Frankfurter Rundschau, les tensions ne cessent de monter. Alors que les responsables politiques du Nord avancent toujours de nouvelles raisons pour reporter la consultation ou ne pas en reconnaitre les résultats, les représentants du Sud brandissent la menace d'une nouvelle guerre civile si le référendum prévu dans l'accord de paix de 2005 n'a pas lieu. Le Sud craint que le gouvernement de Khartoum soit déjà en train de préparer des fraudes. Car il ne fait pratiquement aucun doute, souligne le journal, qu'une écrasante majorité de Sud-Soudanais sont pour l'indépendance. La seule chance qui resterait au Nord serait donc de faire capoter la participation nécessaire à une validation du scrutin, à savoir 60%.

Pour le Tagesspiegel de Berlin le déroulement du référendum déterminera si l'année 2011 sera bonne ou mauvaise pour l'Afrique. Aucun observateur ou presque, note le journal, ne pense que le Soudan restera une nation. L'Allemagne, souligne le journal, s'inquiète de la fragilité de la situation au Soudan. Le ministre allemand des affaires étrangères Guido Westerwelle a reçu mercredi dernier à Berlin son homologue soudanais Ali Ahmed Karti. Et le Tagesspiegel dit avoir connaissance de la nouvelle stratégie allemande vis-à-vis du Soudan. Elle préconise de plaider, d'ici au référendum, pour un Etat fédéral ou au moins une fédération d'Etats entre le Nord et le Sud. La raison en est que l'Union africaine craint qu'une scission du Sud Soudan ne renforce d'autres mouvements sécessionnistes.

Nigeria Explosion Unabhängigkeitsfeier
Attentat à AbujaImage : AP

Attentats au Nigéria

Après le Soudan, un autre géant de l'Afrique retient l'attention de la presse allemande. Il s'agit du Nigéria, où des attentats à la bombe ont fait au moins douze morts en marge des cérémonies du 50ème anniversaire de l'indépendance à Abuja. Les commanditaires de ces attentats ne sont toujours pas identifiés, note la Süddeutsche Zeitung, L'enquête se concentre sur le Mend, le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger, qui affirme se battre pour une plus juste répartition des recettes pétrolières. En Afrique du sud la police a arrêté un ancien dirigeant du Mend, Henry Okah, mais son implication dans les attentats reste floue. Ce qui est sûr, note plus loin le journal, c'est que ces attentats mettent sous pression le président Goodluck Jonathan. Lequel entend se présenter à la prochaine élection présidentielle. Au Nigéria la question est ouvertement posée: n'a-t-on pas fait exploser les bombes pour affaiblir Jonathan avant les élections. Auquel cas il s'agirait moins des problèmes du delta du Niger que de la conquête du pouvoir. Jusqu'à présent la force de Goodluck Jonathan résidait dans le fait qu'il est lui-même originaire du Sud et qu'il avait donc de meilleures chances de résoudre le conflit. Les attentats, souligne le journal, font le jeu des adversaires de Jonathan.

Kongo Indien UN Soldaten
Soldats indiens en RDCImage : AP

Voués à l'échec

Après la publication du rapport de l'ONU sur les crimes commis dans l'est de la République démocratique du Congo entre 1993 et 2003, la presse revient sur l'incapacité des Casques bleus à empêcher ce genre d'atteintes massives aux droits de l'homme. Cela ne concerne d'ailleurs pas seulement le Congo puisque, comme l'écrit la Süddeutsche Zeitung, les Casques bleus n'ont pu empêcher ni le génocide au Rwanda en 1994 ni le massacre de musulmans à Srebrenica, en Bosnie, en 1995. A cela de nombreuses raisons: manque de motivation, manque d'équipements, manque d'argent. Le budget de 7,2 milliards de dollars affecté aux missions de paix de l'Onu de juillet 2010 à juin 2011 n'est encore que très partiellement financé, note le journal. D'un autre côté beaucoup de gouvernements considèrent l'envoi de soldats dans les rangs des forces de l'ONU comme une affaire lucrative. Le pays contributeur encaisse 1 200 dollars par soldat et par mois. Depuis des années des pays misérables comme le Bangladesh et le Pakistan sont les principaux fournisseurs de troupes. Le Congo, poursuit le journal, concentre tous les problèmes des Casques bleus. La Monuc, devenue Monusco, est une force hétéroclite composée de soldats égyptiens, bangladeshis, boliviens, népalais et pakistanais. Elle ne cesse de se prendre les pieds dans les pièges des conflits pour le pouvoir, les territoires et les matières premières.

Symbolbild Regenerative Energiequellen Wasser Wind Sonne
Image : DW-Montage

Partenariat énergétique

Les problèmes énergétiques de l'Afrique sont évoqués dans le General-Anzeiger de Bonn qui se penche sur le partenariat énergétique entre l'Afrique et l'Union européenne, créé à Lisbonne en 2007. Son objectif est d'accroître la sécurité énergétique sur les deux continents, et pour cela d'augmenter les investissements européens et africains dans le secteur énergétique en Afrique. L'Europe, note le journal, entend bien sûr importer de l'énergie en provenance d'Afrique pour réduire à long terme sa dépendance par rapport au pétrole arabe. Mais c'est là précisément que les critiques surgissent: le partenariat ne doit pas servir à exploiter une fois de plus l'Afrique comme simple fournisseur de matières premières. Les populations locales doivent aussi profiter des projets énergétiques transcontinentaux. Cela est d'autant plus nécessaire que 560 millions de personnes en Afrique n'ont pas accès à l'énergie. Toutes ces considérations, souligne le journal, ont été au centre de la première rencontre ministérielle de haut niveau du partenariat énergétique Afrique-UE à Vienne. Le résultat: d'ici à 2020, 10 000 megawatt de plus devront être produits en Afrique à partir de l'énergie hydraulique, 5 000 pour l'énergie éolienne et 500 pour l'énergie solaire. Mais certains des ministres africains présents à Vienne ont jugé l'objectif des 10 000 megawatt tirés de l'énergie hydraulique beaucoup trop modeste - notamment en raison de l'immense potentiel du Congo avec ses fleuves. Le Nigéria, à lui seul, a une consommation annuelle de 10 000 megawatt.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum