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Un impôt pour alimenter le terrorisme

8 juin 2012

A quoi sert la collecte d'impôts, par les représentations diplomatiques érythréennes à l'étranger, auprès de la diaspora érythréenne? La question préoccupe la presse allemande.

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Attentat à la voiture piégée, Mogadiscio, mai 2012Image : picture-alliance/dpa

La Süddeutsche Zeitung prend plus spécialement l'exemple de l'Allemagne en écrivant que de Munich, Cologne, Hambourg ou Francfort, un appui est apporté involontairement au terrorisme. Ce sont des milliers d'Erythréens en Allemagne, qui chaque année virent 2% de leur revenu sur des comptes bancaires. Selon les Nations unies, ces comptes appartiennent directement ou indirectement à des représentations diplomatiques érythréennes. Et poursuit le journal, selon les experts cet argent sert à l'achat d'armes pour les milices shebab en Somalie. Officiellement, cette redevance de 2% est qualifiée de taxe pour le développement, en réalité elle sert à détruire des régions entières. Sa perception est en fait interdite par le droit allemand, car seuls des impôts destinés au fisc allemand peuvent être prélevés en République fédérale. En juillet de l'année dernière, le ministère allemand des affaires étrangères a demandé à l'ambassadeur d'Erythrée de mettre fin à cette pratique. Le conseil de sécurité de l'ONU est également intervenu. Et l'ambassadeur a cédé. Mais si les représentations diplomatiques n'envoient plus de formulaires, la taxe doit toujours être payée. Comme le dit cet Erythréen: "j'avais besoin d'un document à l'ambassade et ils ont exigé que je paie l'impôt redevable jusqu'à cette date."

Afrikanische Flüchtlinge in Israel
Réfugiés africains en IsraëlImage : picture-alliance/dpa

Dur d'être noir en Israël

Environ 25 000 Erythréens vivent en Allemagne. Mais ils sont beaucoup plus nombreux à avoir fui la répression dans leur pays pour chercher refuge en Israël. Or comme le relate la Berliner Zeitung, les réfugiés africains, principalement donc des Erythréens et des Soudanais, sont perçus en Israel comme des infiltrés. Des rumeurs circulent, selon lesquelles ils seraient à l'origine de 40 % de la criminalité à Tel Aviv, ce que la police dément. Ce qui est vrai, poursuit le journal, c'est que des femmes sont souvent harcelées et qu'il y a eu deux cas de viols, commis apparemment par des Erythréens. La peur grandit des deux côtés. Une manifestation organisée à Hatikva, un quartier de Tel Aviv, pour exiger du gouvernement Netanyahu une aide accrue face au problème des immigrés, a dégénéré le 23 mai en chasse aux Africains. Les vitres d'une voiture dans laquelle circulaient des noirs ont été brisées, des réfugiés ont été tabassés. Une association israélienne d'aide aux réfugiés, dénommée Assaf, tente de jouer les médiateurs. Une activiste de cette association explique à la Berliner Zeitung que le quartier dans lequel a eu lieu cette chasse à l'Africain est habité principalement par des immigrés juifs venus du Maroc, du Yémen ou d'irak, qui eux-mêmes sont souvent discriminés à cause de la couleur, plus foncée, de leur peau.

Libyen Eröffnung des neuen Gerichtshauses in Tripoli 2012
Inauguration de la nouvelle cour d'appel de Tripoli, avril 2012Image : picture-alliance/dpa

Mercenaires condamnés en Libye

En Libye, les auteurs présumés de crimes contre l'humanité n'ont toujours pas rendu de comptes à la justice. Mais comme le note die Tageszeitung, un tribunal militaire de Tripoli a condamné lundi dernier 19 Ukrainiens, 3 Biélorusses et un Russe à dix ans de prison. Un autre Russe a même été condamné à la perpétuité. Il a été reconnu coupable d'avoir coordonné le groupe de mercenaires qui s'est battu du côté de Mouammar Kadhafi pendant la guerre civile libyenne de l'an dernier. Le journal rappelle que lorsque les rebelles ont pris Tripoli en août 2011, ils ont capturé plusieurs centaines de mercenaires étrangers - pas seulement des Africains, qui ont été par la suite déportés ou internés dans des conditions inhumaines, mais aussi plusieurs dizaines d'Européens de l'est. Lorsque les premiers de ces Européens ont été inculpés de crimes de guerre, ils ont reçu l'appui de leurs gouvernements. Kiev a exercé une pression qui a conduit au rapatriement de trois Ukrainiens, avant que le procès qui vient de s'achever ne s'ouvre le 4 avril pour possession d'armes destinée à "exterminer le peuple libyen". Le journal précise aussi qu'il y a deux semaines, une commission d'enquête du Haut Commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme aurait dû se rendre en Libye pour examiner de plus près le recours à des mercenaires pendant la guerre. Le voyage a été annulé à la dernière minute pour "des raisons techniques."

UN Soldaten in Kongo Kämpfe
Soldats de l'ONU dans l'est de la RDCImage : AP

Lire dans le chaos

Que lisent les gens dans une zone de guerre et de catastrophe comme l'est du Congo? Cette question figure dans le titre d'un article de la Süddeutstche Zeitung qui fait découvrir à ses lecteurs la seule et unique librairie de Goma, dans le nord-Kivu donc. Cette libraire est dirigée par une femme de 35 ans, Mayaza Lumuna , qui au départ s'imaginait ouvrir plutôt une boutique de mode, ou un café. Mais en 2002, l'éruption du Nyiragongo, le volcan qui surplombe Goma, lui a donné une autre idée. "J'ai découvert dans la lave un livre calciné", se souvient Mayaza. Quelqu'un avait dû l'apporter de l'étranger car à Goma elle n'avait jamais vu un magasin dans lequel on pouvait acheter ce genre de choses. Alors s'est-elle dit, pourquoi ne pas ouvrir une librairie. Ce qui fut fait, sous le nom de "Librairie Lave Littéraire". Et ajoute le journal, cela fait maintenant six ans que Mayaza Lumuna tient le coup dans le chaos de Goma, principalement grâce à l'aide de son époux néerlandais, qui tient une librairie à Kigali au Rwanda. 2 500 titres sont proposés dans la librairie de Goma, mais ce qui se vend le mieux ce sont les ouvrages pratiques sur la gestion, l'éducation des enfants, ou l'alimentation. Les clients sont en majorité des employés de banque, des fonctionnaires, des coopérants étrangers. Le chiffre d'affaires varie entre 5 000 et 7000 dollars par mois. Les bénéfices dépendent de l'humeur des douaniers. Car explique le journal, Mayaza va s'approvisionner chez son mari à Kigali, à 180 km. Quand elle repasse la frontière avec le Congo, les douaniers lui demandent au moins 20% de la valeur de la marchandise, parfois 100%. Et si elle refuse de payer les douaniers confisquent les livres.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Georges-Ibrahim Tounkara