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« Un grand seigneur de la révolte »

Sébastien Martineau28 février 2013

La plupart des journaux consacrent leur Une au départ du pape Benoît XVI. Mais la presse allemande rend aussi hommage à l'ancien diplomate Stéphane Hessel, auteur du livre « Indignez-vous ! ». Il s'est éteint à 95 ans.

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Stéphane Hessel en compagnie du Dalaï Lama, en octobre 2011 à Toulouse
Stéphane Hessel en compagnie du Dalaï Lama, en octobre 2011 à ToulouseImage : picture-alliance/dpa

Ce qu'il avait imaginé comme un message d'adieu aux prochaines générations a provoqué une véritable secousse, rappelle la Süddeutsche Zeitung. « Indignez-vous ! » : ces deux mots, propagés à travers le monde tel un grand incendie, étaient la conséquence d'un engagement remontant à 1941 et à l'entrée de Stéphane Hessel dans la Résistance.

Décolonisation, libertés démocratiques et aide au développement furent ses principales préoccupations. Alors que d'autres, avec l'âge, deviennent plus indulgents, plus "réalistes", l'impatience idéaliste de Stéphane Hessel avait plutôt grandi.

Et le journal rappelle ce qui avait inspiré ce livre devenu si célèbre : contre la résignation générale face aux contraintes de la finance, face aux écarts grandissants entre richesse et pauvreté, face à la xénophobie rampante et aux menaces écologiques, Hessel regrettait l'absence de disposition à la Résistance chez les jeunes générations. C'est un "grand seigneur de la révolte" qui s'est éteint, conclut le journal.

Benoît XVI a fait sa dernière apparition publique le 27 février, place Saint-Pierre devant des milliers de catholiques
Benoît XVI a fait sa dernière apparition publique le 27 février, place Saint-Pierre devant des milliers de catholiquesImage : Reuters

Mais revenons au sujet qui fait la Une ce jeudi : le retrait du pape Benoît XVI. Quel contraste ! affirme la Frankfurter Allgemeine Zeitung : il y a huit ans, la mort publique du pape Jean-Paul II, ultime station d’une longue agonie, et aujourd’hui le retrait de Benoît XVI, résultat d’une décision prise en toute intelligence.

Mais sur l’une comme sur l’autre de ces fins de pontificat, pèsent les mêmes ombres. Chacun à sa façon, les deux papes ont renforcé la crise de l’autorité dans l’Église et la crise de l’autorité de l’Église. Leur successeur va devoir formuler clairement le "comment" et le "pourquoi" du siège de Saint-Pierre.

Pour Die Welt, ce retrait du pape Benoît XVI n'exprime pas seulement la crise au sein d'une Église perçue de plus en plus, y compris par les croyants, comme en décalage avec son temps, elle exprime aussi une crise des institutions en général. Parlements, partis politiques, syndicats ou Églises... la défiance et le rejet des institutions grandissent. Et le quotidien y voit un danger pour la démocratie.