Un "doigt d'honneur" controversé
18 août 2016Ce majeur bien tendu a lancé en Allemagne un débat sur la conduite des responsables politiques.
C'est lors d'une sortie à Salzgitter, en Basse Saxe, que Sigmar Gabriel a été hué par un groupe de néo-nazis qui l'ont qualifié haut et fort de "traître au peuple !", lui reprochant de ne pas aimer son pays, contrairement à son propre père qui, lui, était un nazi. Une vidéo diffusée hier sur Facebook et souvent visionnée depuis, montre un Sigmar Gabriel excédé, qui se tourne vers les militants et leur tend spontanément son majeur avant de faire volte-face. Selon la taz, die taz, ces braillards d'extrême-droite ont mérité ce "doigt d'honneur".
"Est-ce qu'un vice-chancelier peut faire une chose pareille?" s'interroge le quotidien die Welt et répond lui-même: oui, ce n'est pas un problème. Est ce que quelqu'un qui fait un „doigt d'honneur“ a la maturité nécessaire et le format pour accéder un jour au siège de Chancelier? L'éditorialiste répond encore une fois par "oui, personne ne voulant à ce poste d'un robot sans émotion!"
Le quotidien Nürnberger Nachrichten trouve lui le geste déplacé: "Une personnalité de ce rang ne peut pas, ne doit pas faire un tel geste alors que le débat public et politique devient de plus en plus brutal."
Autre thème: l'état des relations germano-turques
Des relations qui, après la fuite d'un document confidentiel du ministère allemand de l'Intérieur qui évoque des liens entre le pouvoir turc et des groupes islamistes, ne sont plus au beau fixe!
"Le reproche selon lequel la Turquie laisserait agir les jihadistes comme bon leur semble, voire les soutiendrait, n'est pas nouveau, relève la Süddeutsche Zeitung. Il fut une époque où certains de ces contacts n'étaient d'ailleurs pas vus d'un mauvais oeil. La Turquie était considérée comme un médiateur dans une région de conflits, on comprenait qu'elle ait des échanges avec toutes les parties. Mais aujourd'hui, le vent a tourné, le pays est devenu plus autoritaire – et l'Europe est devenue plus que jamais dépendante de la Turquie. Cette polémique, après la divulgation d'un papier classé confidentiel du ministère allemand de l‘Intérieur, risque de détériorer encore un peu plus des relations bilatérales, actuellement difficiles, et donnera encore plus à Ankara le sentiment d'être traité comme un paria par l'Europe".
Pour le quotidien de Francfort, Frankfurter Rundschau, "il est clair que les relations germano-turques se sont tellement détériorées que l'espoir d'une coopération solide est réduit à néant dans un avenir proche".