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Un cessez-le-feu controversé en Syrie

Emilie Ginestou 26 février 2016

Une trêve des hostilités en Syrie, initiée par les États-Unis et la Russie, devrait prendre effet. Si elle suscite de nombreux espoirs, des désaccords persistent. Civils et organisations humanitaires sont désabusés.

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Des rues entières détruites en Syrie - photo de l'organisation CAREImage : CARE

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Près de 100 factions rebelles ont accepté l'accord de cessez-le-feu en Syrie. C’est ce qu’a annoncé le Haut comité des négociations, qui rassemble les groupes-clés de l'opposition. Une trêve qui pourrait ouvrir la voie à une résolution diplomatique et politique du conflit. Thomas Oppermann, président du groupe parlementaire du parti social-démocrate en Allemagne, se montre optimiste :

« Le cessez-le-feu provisoire en Syrie fait naître de nombreux espoirs. La porte des négociations pourrait enfin s’ouvrir. Mais surtout, il faudrait que cesse l’expulsion de dizaines de milliers de personnes, depuis Alep vers la Turquie. »

Une situation humanitaire déplorable

Generalsekretär CARE Deutschland Karl-Otto Zentel
Karl-Otto Zentel, secrétaire général de l'organisation CAREImage : DW/E. Ginestou

Mais à quelques heures seulement de l’entrée en vigueur de la trêve, l'aviation russe a intensifié ses frappes sur des bastions rebelles. Ces derniers jours, plusieurs écoles et hôpitaux ont été touchés par d'intenses bombardements, plus particulièrement dans les villes d’Alep et de Homs, dans l'ouest du pays. La situation humanitaire est catastrophique. Plus de 70 000 personnes ont été obligées de fuir. Karl-Otto Zentel, le secrétaire général de l'organisation non gouvernementale CARE en Allemagne, espère beaucoup de ce cessez-le-feu, malgré le pessimisme de la population sur place :

« Il est très important pour nous que le Groupe international de soutien à la Syrie fasse pression sur toutes les parties prenantes, pour qu’elles respectent leur engagement. Nous attendons également l’ouverture des accès aux villes assiégées. Il faut que les aides puissent y être acheminées et parviennent aux populations touchées, pour améliorer leurs conditions de vie de manière durable. »

Une multitude d'acteurs aux intérêts divergents

CARE Arbeiten in Syrien
Des enfants tentent de se réchauffer - photo de l'organisation CAREImage : CARE

La Russie a, depuis le début des négociations, insisté sur le fait que la trêve ne concerne pas des groupes terroristes, comme le groupe État islamique et le Front Al-Nosra. Les rebelles craignent que le régime de Bachar al-Assad n'en profite pour continuer à bombarder les régions où rebelles et djihadistes sont alliés.

De l’avis d’Ahmet Insel, économiste et politologue turc, une trêve n’incluant pas toutes les parties prenantes du conflit risque d'être compromise :

« L’exclusion de certaines organisations du cessez-le-feu complique l’application du cessez-le-feu d’une part, crée des incertitudes sur la poursuite du cessez-le-feu d’autre part, mais montre une chose, c’est que s’il y a une solution plus ou moins durable qui va se mettre en place en Syrie, cette paix va probablement exclure les organisations djihadistes. »

Le secrétaire d'État américain John Kerry a évoqué la possibilité d’un plan B, en cas d’échec de la trêve, sans en préciser les modalités. De son côté, le président turc Erdogan est sceptique et reste méfiant vis-à-vis du régime syrien. L’artillerie turque continue également de tirer sur les miliciens kurdes syriens, qu’elle considère comme terroristes, malgré les exhortations des États-Unis et de l’Union européenne à mettre fin aux frappes.