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L’UE reste engagée aux côtés des pays du Sahel

17 janvier 2024

L'Union européenne dit se tenir aux côtés des pays du Sahel pour les aider à retrouver le contrôle de leur territoire, mais aussi à un retour à la démocratie dans les pays qui ont connu des coups d’Etat.

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Emanuela Del Re | EU-Sonderbeauftragte für die Sahelzone
En dépit de ses désengagements militaires au Mali, l’Union européenne va poursuivre sa coopération avec les pays du Sahel, a déclaré Emanuela Claudia Del Re.Image : Gloria Imbrogno/IPA/picture alliance

En visite à Berlin, Emmanuela Claudia Del Re, la représentante spéciale de l'UE pour le Sahel, a rappelé, lors d'un entretien accordé à la DW, que les 27 sont aussi particulièrement attentifs à la question humanitaire.

Emmanuela Claudia Del Re : L’Union européenne réfléchit beaucoup sur sa position dans la région du Sahel, qui reste une région particulièrement importante pour le destin de l'Europe en général et du monde entier, je dois dire, et l'Union européenne a réfléchi sur le fait qu'on doit rester engagé. Mais, bien sûr, on doit trouver des formules qui marchent un peu mieux, qui sont plus efficaces, qui ont un impact plus fort, surtout pour la population qui souffre.

DW : Dans le secteur militaire, de la défense, de la sécurité, le partenariat a un peu changé, au moins pour les trois pays clés : Mali, Niger, Burkina Faso. Ils ont trouvé de nouveaux partenaires à Moscou. Que dites-vous ?

Emmanuela Claudia Del Re : Je pense que nous ne sommes pas en compétition avec les autres acteurs dans la région, mais, bien sûr, pour ce qui concerne notre présence militaire, nous avons décidé de complètement suspendre toutes nos activités et de voir s'il y aura quelques changements dans le futur, parce que les pays sont en transition, surtout le Burkina Faso et le Mali. Et peut-être, y aura-t-il quelques avancées et surtout, des solutions liées à la transition qui peuvent nous permettre de trouver des formes de partenariats – peut-être plus contemporains et qui s'adaptent aux situations qui vont se présenter dans le futur immédiat.

DW : Mais, par exemple, par rapport au Niger, le ministre de la Défense allemand a annoncé que son pays compte rester au Niger..

Emmanuela Claudia Del Re : Non, je dois dire que les pays ont besoin de protéger leurs intérêts, et ça, c'est la position de l'Allemagne. L'Allemagne a des problèmes à résoudre, surtout après la fin de la Minusma, mission qui a pris fin récemment, et l'Allemagne a besoin de trouver une solution pour ses soldats au sein de la Minusma et pour leurs équipements. C'est pour ça que Berlin a décidé d'avoir des discussions directes avec le Niger. Ça ne veut pas dire qu'ils ont reconnu la junte qui est au pouvoir dans le pays en ce moment, mais ils ont besoin de protéger leurs intérêts.

DW : Vous comptez sur d'autres piliers, peut-être le Tchad ou la Mauritanie.

Emmanuela Claudia Del Re : Je dois dire que chaque pays a sa spécificité. Pour ce qui concerne le Tchad, c'est une situation différente, parce que le Tchad est aussi dans une situation de transition, mais ils ont eu un référendum et le chef de l'opposition a été nommé Premier ministre. Il y a des changements très importants. C'est pour ça que je suis convaincue que la situation est grave au Burkina Faso, au Mali et au Niger, mais les choses changent rapidement et on doit être préparé pour être capable de faire face au changement, et j'espère qu'il y aura des changements positifs dans ces pays.

Une séance de formation à Koulikoro au Mali
L’EUTM est la mission de formation des forces armées de l'Union européenne au Mali (en anglais European Union Training Mission in Mali ou en abrégé EUTM Mali).Image : picture-alliance/dpa/M. Gambarini

DW : Comme l'a analysé Josep Borrell (le chef de la diplomatie européenne), la formation des militaires au Niger et au Mali a abouti à des coups d'État. Dans ces conditions, pourquoi continuer alors la mission EUTM au Mali ?

Emmanuela Claudia Del Re : Ça, c'est une question complexe parce qu'il me semble que la Cédéao a noté qu'il y a quelques évolutions positives au Mali. Peut-être pourrait-on reconsidérer la présence de l'EUTM. Mais c'est une situation très complexe parce que, comme vous voyez, nous avons la volonté de rester engagés. Mais la question – on a répété ça durant toute l'année passée, tous les membres de l'Union européenne l'ont répété – ce n'est pas seulement une question de principe pour l’Union européenne, mais une question d'intérêt. Mais la question de cette année 2024, c'est : comment va-t-on rester engagé, de quelle manière, avec quelle méthodologie et quel type de stratégie va-t-on mettre en place ? Et ma visite à Berlin est une occasion très importante pour discuter de ça, pour voir la vision de l'Allemagne, et je dois dire que l'Allemagne est un géant dans la région, sur le plan de l'investissement, de l'aide au développement, mais aussi pour ce qui concerne l'engagement fort de l'Allemagne sur place depuis des années déjà. Mais en particulier dans ce moment très difficile, je pense que le leadership de l'Allemagne est important.

DW : L'Union européenne a aussi ses propres intérêts Bien sûr, le nombre de réfugiés, avec tant de crises, risque d'augmenter. C'est un énorme défi pour la région, mais c'est bien sûr aussi un défi pour l'Union européenne.

Emmanuela Claudia Del Re : Je dois dire que quand on parle d'immigration, par exemple, on doit voir les choses de différentes manières, parce que la plupart des migrations sont internes en Afrique. Bien sûr, les pays de l'Afrique en général et du Sahel en particulier, sont touchés aussi. Il y a beaucoup de migrants qui transitent, par exemple par le Niger et la Mauritanie, mais aussi par les autres pays, et c'est un mouvement de population énorme, une dynamique, malheureusement négative parce qu'ils ne sont pas protégés. Ils perdent leur vie dans le désert, pas seulement dans la Méditerranée, et c'est quelque chose qu'on doit arrêter.