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Trump et la justice française cibles de la presse allemande

Hugo Flotat-Talon
19 janvier 2018

Les propos de Donald Trump ont encore fait beaucoup réagir la presse allemande cette semaine. La fin des poursuites contre des soldats français accusés d'agressions sexuelles en Centrafrique fait aussi réagir.

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Donald Trump USA Fahne
Image : picture-alliance/abaca/O. Douliery

Vous n'êtes sûrement pas passé à coté de cette nouvelle sortie du président américain, qui a parlé de "pays de merde" en évoquant Haïti et des états africains. Après ce nouveau scandale, les journaux allemands rappellent cette semaine ces ambassadeurs convoqués, les indignations officielles, les manifestations parfois. Mais lundi la Berliner Zeitung cite aussi ce trait d'humour en Afrique du Sud où l'agence de presse News 24 a publié une photo titré "Salutations d'un pays de merde", avec des magnifiques photos du parc Krüger et des beaux quartiers de Johannesbourg.

Partenariats avec des despotes

Et puis dans la semaine, l'émotion passée, si on peut l'écrire ainsi, le débat glisse sur le terrain des excuses. À savoir s'il faut des excuses officielles. "Elles sonneraient plus comme une seconde moquerie raciste", estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung. "Il faudrait mieux expliquer à ce président que l'Occident est responsable de la merde dans certains pays d'Afrique". "La guerre froide s'est déroulée sur le continent", rappelle le journaliste. "Et les dirigeants occidentaux n'ont aujourd'hui pas de scrupules à faire des partenariats et à verser de l'argent à des despotes", se fâche-t-il. "L'occident ne doit pas se cacher derrière un air innocent pour mener une politique raciste, vrai scandale au milieu des discours sur les pays de merde", estime-t-il. 

 

"La justice n'existe pas pour les enfants de Bangui"

Französische Truppen patrouillieren in Zentralafrikanischer Republik 7.12.13
Image : Reuters

Quoi qu'il en soit "Trump on pourrait l'ignorer, mais ce qui vient de se passer en France, non !", réagit un éditorialiste de la Tageszeitung. Lui revient sur la justice française et une de ses décisions cette semaine. La fin de poursuites contre des soldats français. "Elle ne dit pas qu'ils n'ont pas abusé d'enfants, mais elle les laisse libres", explique la Tageszeitung dès le début de son article. À l'origine ce scandale révélé en 2014 : des soldats au drapeau bleu-blanc-rouge qui auraient échangé de la nourriture contre des fellations et autres abus criminels à des enfants de six à treize ans à Bangui courant 2014. 

"Mais les soldats sont libres, le tribunal a estimé que les déclarations des victimes étaient trop différentes pour lancer une procédure", explique la Taz qui poursuit. "On a aussi trouvé huit vidéos pornographiques avec des enfants sur le portable de l'un d'eux, mais là encore ce n'était pas assez pour une procédure". "La justice n'existe pas pour les enfants de Bangui". 

Le Kenya, leader mondial
Loin des atrocités, la Neue Zürcher Zeitung nous emmène au Kenya, où le premier système de ce type au monde "a été lancé". Nous sommes alors en 2003 et T-Mobile voit le jour. Quinze ans plus tard le pays est devenu leader mondial dans le domaine du paiement par téléphone. "C'était un vrai pari, ça n'existait pas", raconte son inventeur. Aujourd'hui le système s'utilise dans dix pays et la société Safaricom a fait quelques 500 millions de dollars de bénéfices en 2017. Une histoire de gros sous, mais qui a aussi, selon une étude très sérieuse, permis de sortir 200.000 personnes, dont de nombreuses femmes, de la pauvreté.
 
À coté de ça, l'inventeur de ce système de paiement par téléphone a aussi lancé une entreprise d'appareils à énergie solaire pour apporter l'électricité dans les maisons où il n'y a pas encore. Résultat : "500.000 personnes équipées depuis 2009". Comme quoi, "les pays de merde" ne sont pas toujours ceux que l'on croit ... 

Kenia Mobile Money M-Pesa
Image : Getty Images/AFP/T. Karumba

 

Portrait Hugo Flotat-Talon
Hugo Flotat-Talon Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleHugo_FT_