Transparence exigée sur le salaire des grands patrons allemands
19 mai 2005nt rouge-vert.
Pour la Financial Times Deutschland, l’obligation de publier leurs chiffres exacts ne fera pas baisser les salaires des grands patrons. Mais ce que l’on atteindra avec cette mesure, et qui est beaucoup plus important pour le monde de la finance et des entreprises en Allemagne, c’est davantage de transparence. Les actionnaires pourront à l’avenir voir immédiatement combien « leur » directeur gagne ou bien quelle indemnisation il empocherait en cas de renvoi. Ce qui en ressortira, poursuit le quotidien économique, c’est une plus grande corrélation entre le travail accompli et le salaire obtenu. Lors des assemblées générales, les patrons les mieux payés mais aux performances en dessous de la moyenne, s’exposeront à de lourdes critiques. Et les conseils d’administration seront bien plus motivés qu’avant pour évaluer les revenus de leurs directeurs en fonction de leur rentabilité. Un tel développement ne peut être que bénéfique pour le système capitaliste du pays, conclut le journal.
La Tageszeitung publie en première page la photo de six grands patrons qui refusent de dévoiler combien ils gagnent. Le quotidien estime qu’ils n’ont pas à se plaindre de bientôt y être obligés, car après tout on n’en serait pas arrivé là s’ils avaient accepté de donner volontairement des informations sur leurs salaires. Des informations utiles aux actionnaires, mais pas uniquement. Pour le journal alternatif de gauche, les contribuables ont eux aussi le droit de savoir combien de leur argent atterrit sur le compte en banque des PDG des entreprises publiques. Il faut donc espérer que l’intervention de Gerhard Schröder hier au conseil des ministres ne faisait pas seulement partie d’une tactique électorale avant le vote de ce week-end, et ne sera pas oubliée dès la semaine prochaine.
Le gouvernement peut se féliciter d’une victoire sur les grands profiteurs qui siègent au sommet de la hiérarchie des entreprises et se présenter comme l’ami du peuple, raille de son côté la Berliner Zeitung. Car depuis longtemps la population soupçonne les patrons de s’enrichir sans vergogne et sans avoir de comptes à rendre sur leurs performances, voire même d’utiliser les licenciements comme un instrument de rentabilité. Pourtant, écrit le journal, il ne faut pas s’y tromper, la publication des salaires des patrons servira avant tout au monde des affaires.