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"On associe les personnes trans au satanisme"

31 mars 2022

Interview avec Jérémie Safari de l'association Rainbow Sunrise Mapambazuko, à Bukavu, sur la vie difficile des personnes transgenres en RDC.

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Fresque de l'artiste transgenre Ayesha Koli à Bombay
Fresque de l'artiste transgenre Ayesha Koli à BombayImage : Punit Paranjpe/AFP

Le 31 mars est la journée internationale de la visibilité transgenre. L’occasion de revenir sur ces personnes qui, pour faire simple, ont l’impression que leur sexe de naissance ne correspond pas à leur identité réelle de genre.

Les personnes transgenres, comme les autres membres de la communauté LBTQI+, sont encore discriminées dans la plupart des pays du monde, quelle que soit la législation en vigueur. Bien souvent, elles font les frais de l’homophobie encore largement présente, alors que leur identité sexuelle est plus complexe que cela. 

Interview avec Jérémie Safari (organisation Rainbow, à Bukavu)

Moqueries, emprisonnement, violences physiques sont leur lot au quotidien, c’est pourquoi la plupart des personnes "trans" préfèrent se cacher.
Petit à petit, les choses évoluent, en Afrique aussi. Au Sénégal, en décembre dernier, la majorité parlementaire a rejeté une proposition de loi qui visait à renforcer la répression de la communauté LGBTQI+, estimant qu’il s’agissait d’un “faux débat”. 

Au Burkina Faso, la première association transgenre s’est constituée en 2018, à Bobo Dioulasso. L’homosexualité, comme la transsexualité, ne sont pas interdites officiellement dans le pays, mais les stéérotypes ont la vie dure: l’année dernière encore, une ancienne ministre de la Promotion de la Femme a publié sur sa page Facebook qu’elle refusait qu’une certaine Solange, une femme transgenre, l’appelle sa “soeur”, arguant du fait que “l’homosexualité et autres déviances sexuelles ne sont pas légales au Burkina” et contredisent les moeurs en vigueur.

Ecoutez ci-dessus l'interview de Jérémie Safari

Jérémie Safari est directeur exécutif de l’association Rainbow Sunrise Mapambazuko, à Bukavu, dans l’Est de la RDC. Cette structure se veut être un lieu d'échange pour les personnes de toutes identités sexuelles et de genre et elle tente de contribuer à la déconstruction des préjugés, toujours tenaces dans la société congolaise.

Difficile d'être LGBTQ + au Ghana

DW : A quoi ressemble le quotidien des personnes trans, à Bukavu?

Les personnes trans sont confrontées au quotidien aux violations de leurs droits. Ils sont victimes d'agressions, de menaces et sont victimes de viols correctifs. Ils sont souvent déshabillés publiquement. Ils sont arrêtés arbitrairement par la police. Je peux dire que la situation des personnes trans se détériore dde jour en jour dans la ville de Bukavu.

DW : Est-ce qu'il n'y a pas des évolutions, quand même, petit à petit, au sein de la société ou des organisations qui se mettent en réseau?

Au niveau de la société, il n'y a pas vraiment d'avancées par rapport à la question trans. Il y a certains leaders communautaires et aussi certains pasteurs des Églises protestantes qui poussent la communauté à la haine contre les personnes trans. Dans la ville de Bukavu, il y a certains quartiers ou les personnes trans ne peuvent pas passer pendant la journée.

La prostitution comme seule issue pour les transgenres de Grèce ?

Mais au niveau des organisations, je peux dire qu'à Bukavu, il y a l'organisation Rainbow qui est là, à Goma, il y a l'organisation MOPREDES... Nous avons mis un cadre d'échanges et de débats où les personnes trans peuvent se rencontrer, discuter de leurs problèmes, développer des stratégies, comment vivre au sein de la communauté pour prévenir des menaces et des agressions. Parce que nous avons compris que, au niveau de la communauté, il y a aussi ce manque d'informations où on associe les personnes tran au satanisme et à la sorcellerie et ce sont des actions que notre organisation veut mettre en place et développer. Mais nous butons souvent au manque de moyens financiers.