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Traité de Lisbonne : l'argument démocratique

Anne-Julie Martin / Carine Debrabandère1 juillet 2009

Tous les journaux font leur Une aujourd'hui sur le traité de Lisbonne, dont la ratification a été suspendue hier en Allemagne.

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Les juges de la Cour constitutionnelle allemandeImage : AP

Le jugement de la Cour constitutionnelle ressemble à un jugement façon « Yes we can », selon la Süddeutsche Zeitung. Oui, nous pouvons construire l'Europe. Oui, nous pouvons poursuivre l'intégration européenne. Oui, nous pouvons renforcer l'Union. Mais nous ne pouvons le faire qu'à la condition de respecter les principes démocratiques et la volonté du peuple. Ceci est le message du jugement de Karlsruhe. Un jugement spectaculaire, brillant et judicieux qui parvient non pas à stopper le processus d'intégration, mais à le démocratiser.


Même analyse pour Die Welt qui qualifie la décision d'exemplaire. S'il n'y avait pas eu quelques plaignants, les déficits inhérents au traité de Lisbonne n'auraient jamais été mis sur le tapis. La classe politique considère l'intégration européenne comme une machine impossible à arrêter. Secrètement ils jugeaient le sujet trop sensible pour en débattre vraiment. Ce qui a laissé à l'Union européenne un léger arrière-goût anti-démocratique. Le jugement de Karlsruhe est donc un bon remède, il permet de s'attaquer à une vieille maladie qui touche souvent les pro-européens et les technocrates.


La Tageszeitung, en revanche, est d'avis que cette décision vient mettre des bâtons dans les roues. Une décision pragmatique mais empreinte d'une profonde méfiance. Certes les politiques doivent obtenir des marges de manœuvre au sein de l'Europe. Mais ici la véritable préoccupation des juges, c'est l'Etat national allemand et sa souveraineté. Ils ne sont pas motivés par des progrès démocratiques, ce qui compte à leurs yeux c'est que le pays ne perde pas son droit de véto. Plutôt que de voir les nouvelles chances que présente le traité de réforme, les juges de Karlsruhe perçoivent les nouveaux problèmes. Ce jugement est un jugement très allemand.


Les juges constitutionnels ne considèrent pas l'Union européenne comme une institution formidable qui a assuré la paix et le bien-être pendant des décennies, note la Hannoversche Allgemeine Zeitung. Non, pour eux l'Europe est un mal nécessaire. Même les juges eurosceptiques les plus convaincus savent qu'on ne peut défendre les minimas sociaux et environnementaux qu'avec l'aide du marché unique européen. Quant à savoir comment conférer une structure démocratique à l'Union, ils sont les derniers à pouvoir répondre.