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Tornados pour l'Afghanistan

Christophe LASCOMBES8 février 2007

La décision du gouvernement fédéral d’envoyer en Afghanistan les Tornados de la Luftwaffe pour des missions de reconnaissance aérienne fait l’objet de nombreux commentaires dans la presse allemande de ce matin.

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Les populations civiles verront bientôt ces silhouettes se découper sur le ciel afghan.
Les populations civiles verront bientôt ces silhouettes se découper sur le ciel afghan.Image : AP

L’OTAN vit du principe de solidarité, argumente die Welt. Si celle-ci faiblit, l’alliance court à sa perte. Et c’est justement cette alliance, et non pas l’Europe, qui apporte à l’Allemagne sa sécurité.

De fait, Angela Merkel et ses ministres de la Défense Steinmeier et Jung ne pouvaient réellement refuser d’accéder à la demande de l’OTAN, souligne la Süddeutsche Zeitung. Et si la grande majorité du Bundestag verra certainement les choses de la même façon, elle imposera sans doute à la chancelière des conditions pour la mise en œuvre de cette solidarité transatlantique.

Il est certes bon que les membres du gouvernement et du parlement n’envoient pas des avions de combat allemands en Afghanistan le cœur léger, confirme la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Car cette décision a des conséquences en termes de vies humaines. Et l’Allemagne doit connaître le prix à payer pour la poursuite de ses objectifs. Pourtant, refuser de donner à cette mission le terme de « mission de combat » est tout aussi ridicule, en termes de politique internationale, que de vouloir annoncer, pour une femme, être seulement « un peu enceinte ». Sur le terrain, le terroriste de base et son missile sol-air ne feront pas la distinction subtile élaborée par les parlementaires allemands entre « bons » avions de reconnaissance et « vilains » bombardiers occidentaux.

C’est que l’Afghanistan est en guerre, reprend la Frankfurter Rundschau. L’envoi des Tornados rend cette participation plus active. Nous participons à une guerre, aussi passivement qu’il est possible de le faire avec des avions de reconnaissance. Mais nous allons avoir besoin de chance pour que cette participation ne se transforme pas en rôle plus actif.

Ne nous leurrons pas, objecte la Tageszeitung. Depuis deux ans, l’Allemagne se leurre avec la fiction selon laquelle ses soldats au sein de l’ISAF participent à une mission d’aide au développement. Depuis que les forces de l’ISAF et celles de l’opération « Enduring Freedom » sont regroupées sous le commandement de l’OTAN, la main gauche ne peut plus prétendre ignorer ce que fait la main droite. Il est dommage que la demande de l’alliance atlantique ne contraigne la classe politique allemande qu’à seulement mettre à disposition des avions de reconnaissance. Cela n’aura pour effet que d’attiser l’hypocrisie morale du débat et poser la question fondamentale de savoir s’il peut être légitime de tuer, question à laquelle la constitution allemande a déjà répondu depuis longtemps, conclut le quotidien.