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Tony Blair héros déchu

Yann Durand11 mai 2007

Au lendemain de l’annonce de Tony Blair, selon laquelle il quittera le pouvoir le 27 juin, Gordon Brown, le ministre britannique des finances a déclaré vendredi être candidat à la succession du Premier ministre. Le bilan controversé du leader du New Labour et l’avenir politique de la Grande-Bretagne fait l’objet des commentaires de la presse allemande.

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Tony Blair tire sa révérence
Tony Blair tire sa révérenceImage : AP

Blair et Brown ont débuté comme des jumeaux leur carrière politique remarque la Frankfurter allgemeine Zeitung. Une symbiose parsemée de tournures spectaculaires, tantôt réjouissantes, tantôt conflictuelles. Mais jusqu’à présent le jumeau a toujours été là : que ce soit comme menace invisible ou faire-valoir. Personne, affirme le quotidien, ne peut savoir ce qu’aurait été la politique de Blair sans son garde-fou, Brown. En revanche tout le monde apprendra comment ce dernier gouverne seul. Et à ce faire il lui manquera quelque chose prédit la Faz : Un homme derrière lequel il peut se cacher lorsque ça sent le roussi, comme lors de la préparation de la guerre en Irak.

Il n’empêche que pour la Frankfurter Rundschau, l’Irak a été la grande catastrophe du mandat de Tony Blair. Elle lui a coûté la renommée internationale qu’il s’était construit, et le peu de respect que son peuple lui vouait encore. Toutes ses initiatives politiques, à l’extérieur comme à l’intérieur, s’en sont trouvées à tel point affectées qu’il doit partir sous la pression de Gordon Brown. Le journal parle de tragédie dans laquelle le Héros se transforme en scélérat, ajoutant que cette déchéance est du reste lisible sur les traits exténués du protagoniste.

Après le départ du patriarche Blair, le futur Premier ministre travailliste Gordon Brown et le leader conservateur de l’opposition, David Cameron vont s’affronter à armes égales. Cela n’est pas arrivé depuis des décennies, rappelle la Tageszeitung de Berlin. Il est aujourd’hui absolument impossible de pronostiquer quel sera le vainqueur des prochaines législatives, une situation également peu coutumière en Grande-Bretagne et qui devrait, selon la TAZ, marquer l’avènement d’une nouvelle ère, celle de l’engagement politique au rythme de débats d’idéologie. Pourtant, déplore le journal, on observe au contraire un apolitisme reflétant le sentiment des britanniques de ne plus pouvoir influer par leur vote sur leurs conditions de vie. C’est le pire héritage de l’époque Blair, conclut le quotidien.

Die Welt titre pour sa part : L’ingratitude au final. Après une décennie les britanniques sont certes fatigués de leur premier ministre mais avec de la distance ils penseront autrement de Tony Blair, prédit le quotidien berlinois. Il a modernisé son parti et garanti le succès économique amorcé par Magaret Thatcher, mis fin au conflit en Irlande du Nord et son île symbolise l’Europe idéale : riche, libre des socialismes soixante-huitards, avec une armée impressionnante et un lien étroit avec les Etats-Unis. Et de conclure qu’aucun de ses collègues européen n’a un bilan comparable.