Tirer les leçons...
15 juillet 2010Les paroles de réconciliation adressées par madame Kraft à son prédécesseur ne peuvent cacher la contradiction inhérente à son arrivée à la tête de la Rhénanie du Nord-Westphalie, analyse la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Cette offre maintes fois formulée de collaboration avec toutes les fractions politiques contredit l'exigence martelée avant et après le scrutin d'un « changement radical de politique pour la région ». À vouloir défaire le travail de la coalition précédente, elle ne peut s'attendre à ce que l'opposition lui tende la main.
Cette nouvelle coalition est le fruit d'un résultat électoral équivoque, juge l'autre quotidien francfortois, la Frankfurter Rundschau. Mais que CDU et FDP reprochent à madame Kraft que sa coalition dépend du bon vouloir du parti de La Gauche, Die Linke, fait douter du bon fonctionnement de la démocratie représentative. Chrétiens-démocrates et Libéraux considèrent l'antinomie existante entre opposition et majorité comme indépassable. Ils se figent en un bloc d'opposition et rejettent tout projet du nouveau gouvernement, qu'importe qu'il soit bien-fondé ou, et c'est là le problème, qu'il coïncide avec la volonté majoritaire des citoyens. En quoi cela rend-t-il les conservateurs et les Libéraux plus aptes à faire de la politique que le parti de la gauche radicale ?
En Rhénanie du Nord-Westphalie, la Süddeutsche Zeitung s'attend à une leçon de démocratie, difficile mais fructueuse. Un gouvernement minoritaire n'est pas moins valeureux en termes démocratiques. La valeur et la profondeur de son travail se révèlent par contre bien mieux que celles d'une majorité politique. La leçon ne sera pas difficile seulement pour la coalition de Hannelore Kraft, elle le sera aussi pour son opposition disparate. Le quotidien de Munich revient également en première page sur la condamnation à 10 mois de prison avec sursis du premier banquier allemand pour avoir manipulé le cours des actions de sa banque et trompé les petits épargnants.
Un jugement qui fait dire à Die Welt : pour aussi peu satisfaisant qu'il soit dans cette affaire, le principe est juste. Le propre de l'entreprise est la prise de risques. Et l'État ne peut juger que de manière limitée de la légitimité de tel ou tel risque. Dans l'économie de marché, l'échec ne doit pas être interdit. Le problème de la crise financière a été que ce sont les contribuables qui doivent en assumer les conséquences. La mission attribuée à la future autorité de régulation bancaire sera justement de mettre fin à ce scandale car les peines de prison des banquiers ne remboursent pas l'argent public dépensé.