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Tensions et recueillement au Kirghizstan

15 avril 2010

Une semaine après les violents affrontements entre le pouvoir et l'opposition, le président déchu refuse toujours de démissionner. La population, elle, continue à faire le deuil des victimes.

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Dans la capitale, les Kirghizes se recueillent devant le bâtiment du gouvernementImage : DW

Des fleurs, des bougies, des lettres et des poèmes. L'heure est au recueillement devant le monument qui abritait le gouvernement et où des portraits des victimes - 84 en tout- sont désormais affichés. Talant a perdu son beau-frère dans les affrontements: il a été tué alors qu'il tentait de franchir le portail du bâtiment officiel avec sa voiture.

Kirgistan Kirgisien Trauer in Bischkek
Les Kirghizes pleurent leurs mortsImage : AP

« Le premier jour, je voulais moi aussi prendre une arme et abattre les coupables. Mais avec chaque jour qui passe, je me dis que mon beau-frère n'est pas mort pour rien, et que tout ce sang n'a pas coulé inutilement. J'ai l'espoir que notre vie devienne meilleure et que notre Etat soit plus fort. »

Ici, à Bichkek, tout le monde ne partage pas cet optimisme.

« Je n'ai plus confiance. Le pouvoir, c'est le pouvoir. Et le peuple continue de souffrir. »

Kirgisistan Rücktritt Bakijew Bakijew
Kourmanbek Bakiev parmi ses partisans dans le sud du paysImage : AP

Il faut dire que certains ministres du gouvernement de transition ont commencé à placer leurs amis et parents à des postes stratégiques. Exactement comme l'avait fait le président déchu, à qui l'opposition reprochait précisément ce népotisme. Les Kirghizes l'accusent également de corruption et de fraudes électorales, et ils sont nombreux à vouloir prendre leur revanche. La plupart d'entre eux ne se laissent pas impressionner par les rumeurs de rébellion que Bakiev fomenterait depuis la province de Djalal-Abad.

Kirgistan Kirgisien Rosa Otunbajewa in Bischkek
Rosa Otounbaieva, chef autoproclamée du nouveau gouvernementImage : AP

« Qu'est ce qu'il peut faire? Je suis sûr que ses genoux tremblent. Quand il contrôlait la police et l'armée, nous n'avions pas peur de lui. Pourquoi est-ce que nous devrions avoir peur maintenant? »

Ce matin, Kourmanbek Bakiev a dû interrompre précipitamment un discours devant ses partisans, à Och, dans le sud. Un millier d'opposants qui se réunissaient non loin de là sont en effet intervenus. Des tirs ont retenti mais aucune victime n'a été signalée.

Auteur: Audrey Parmentier/Christina Nagel
Edition: Sandrine Blanchard