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Tchad : partis suspendus et durcissement du mouvement social

Blaise Dariustone
7 février 2018

Le gouvernement vient de suspendre dix partis d'opposition. Dans le même temps une nouvelle manifestation, interdite, est prévue ce jeudi. La grève a déjà été durcie ce mercredi.

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Tschad Präsident Idriss Déby Itno
Image : Getty Images/AFP/A. Jocard

"Suspendus pour une durée de deux mois" pour "troubles à l'ordre public" et "incitation à la violence". Voilà comment le gouvernement a annoncé la suspension de dix partis politiques d'opposition ce mercredi.

Tous avaient, mardi, soutenu un appel à manifester des syndicats. Une tentative de contrer le mouvement social qui s'installe dans le pays et prend de l'ampleur pour le gouvernement. 

Au cours d'une communication mardi, le ministre de la sécurité publique, Ahmat Mahamat Bachir avait déjà menacé de dissoudre tout parti politique ou association de la société qui appellerait ses militants à une marche malgré une interdiction. 

Jeudi de la colère

Mais sur place,  l'opposition et la société civile montent au créneau contre les menaces du ministre de la sécurité publique. Ils n'entendent pas céder. Ce mercredi déjà les syndicats ont durci la grève en demandant aux établissements de santé publique de suspendre leur service minimum.

Ce jeudi ils appellent de nouveau à une marche pacifique dite "jeudi de la colère" sur l'ensemble du pays. Une marche déjà interdite par le pouvoir. 

Tschad Polizist Symbolbild
Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

Mais pour l'opposition et la société civile tchadienne, défier l'interdiction d'une marche pacifique ne constitue en aucun cas une violation de la constitution.

Bien au contraire, "c'est l'interdiction des marches pacifiques sans motif valable qui constitue une violation flagrante au regard des articles 19 et 27 de la constitution tchadienne", selon Djimet Clément Bagou, porte-parole de la coalition des regroupements des partis politiques de l'opposition ayant appelé à une marche pacifiques le 6 février. 

"Ne parlons pas du tout d'une démocratie. La situation est grave et chacun doit être sur ses gardes", insiste-t-il. "Nous n’avons pas d'armes, mais notre seul moyen de pression, c'est de descendre dans la rue pour exprimer notre colère", dit-il.

Recul de la démocratie

Les menaces du ministre de la Sécurité publique ne vont pas saper la détermination des militants de la société civile déclare de son côté Mahamat Nour Ahmat Ibédou, porte-parole du Collectif tchadien des organisations de la société civile (COST).

Il appelle ses militants à sortir massivement pour la marche pacifique de ce 8 février. "Que les gens n'aient pas peur. Monsieur Ahmat Mahamat Bachir n'a pas les outils nécessaires en ce moment pour engager une procédure quelconque contre qui que ce soit. Les dispositions constitutionnelles ne peuvent pas être balayées d'un revers de la main par une déclaration d'un ministre", assure-t-il.

Mahamat Nour Ahmat Ibédou  dénonce aussi un recul de la démocratie en attendant les menaces de dissolution d'associations ou de partis politiques. 

Ce mercredi, les représentants des cultes musulman, catholique et protestant se sont dits prêts à prendre le rôle de médiateurs, comme cela a déjà été le cas en 2012.