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Tchad : la justice ciblée par les militaires

Blaise Dariustone
22 juin 2018

Les actes de violences se multiplient contre les avocats et magistrats. Ces actes sont commis pour la plupart par des militaires. En l’espace d’un mois, un avocat et deux procureurs de la République ont été agressés.

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Tschad Straßenszene in Ndjamena
Image : DW/F. Quenum

'Ceci est dû à l’absence de l’autorité de l’État'(Maitre Max Loalngar) - MP3-Stereo

C’est une situation sans pareille que traversent les magistrats et avocats ces derniers temps au Tchad. Tout d’abord, le 22 mai dernier, alors qu’un avocat était allé chercher trois de ses clients libérés par la justice à la Maison d’arrêt de Doba, dans le Sud Tchad, des gendarmes ont tiré sur sa voiture jusque dans l’enceinte du palais de Justice. Cet incident a conduit tous les professionnels de la justice à déclencher une grève qui a paralysé la justice pendant trois semaines et qui s'est achevée ce 20 juin.

 

Le 19 juin, des militaires ont fait irruption dans le palais de justice d’Iriba, dans le nord du pays, pour abattre deux prévenus durant leur audition dans le bureau du procureur. Enfin, le lendemain, des militaires ont passé à tabac un autre procureur de la République, à Goz Beida, dans l’est.

Situation inadmissible pour le personnel de la justice

Pour Maître Max Loalngar, avocat au barreau du Tchad, ces actes sont le résultat de l'impunité dont bénéficieraient des militaires proches du pouvoir.  "C’est extrêmement grave ce qui arrive. Ceci est dû à l’absence de l’autorité de l’État. Depuis toujours, on a dénoncé cette absence de l’autorité de l’État. Thomas Sankara disait qu’un militaire sans formation est un criminel en puissance. Nous avons choisi de remettre nos sorts entre les mains des criminels. Il y a un vice rédhibitoire dans ce pays. Ce n’est pas la première fois, il y a eu des assassinats par le passé dans l’enceinte des palais de justice, les procureurs, avocats et magistrats agressés, ça ne date pas d’aujourd’hui. Nous avons la nette impression que nos autorités sont impuissantes", souligne Me. Max Loalngar.

Tschad Straßenszene in Ndjamena
Image : DW/F. Quenum

Une situation "inadmissible", dénonce également Djonga Arafi, le secrétaire général du syndicat des magistrats du Tchad. Il rappelle les autorités tchadiennes à leur devoir de protéger le personnel de justice.  "Une autorité militaire ou administrative, quelle qu’elle soit, ne peut pas empiéter sur la fonction judiciaire. Tous ce que nous réclamons des plus hautes autorités c’est que, pour nous avoir investit de ce pouvoir, ils ont l’obligation de nous protéger. Nous avons décidé que des rencontres puissent avoir lieu entre le ministre de la Justice, le ministre de la Défense et celui de l’Administration du territoire pour que des actes commis contre qui que ce soit puissent avoir une finalité judiciaire", conclut-il.

Un procès attendu

L'ancien gouverneur de la région du Logone Oriental Adam Nouki Charfadine, accusé d'être à l'origine de la tentative d'assassinat de l'avocat Doumra Manasse avec trois de ses clients le 22 Mai dernier à Doba, comparaît avec quatre présumés complices ce vendredi au tribunal de grande instance de N'Djamena.