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Témoignage émouvant d'une journaliste burundaise

La rédaction4 mai 2016

En Afrique, le Burundi perd onze places dans le classement de "Reporter sans frontières", et occupe maintenant le 156ème rang dans le classement annuel de la liberté de la presse.

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De nombreux journalistes burundais ont été contraints de partir
De nombreux journalistes burundais ont été contraints de partirImage : DW/J. Johannsen

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Dans son classement annuel de la liberté de la presse, l'ONG Reporters sans frontières s’est inquiétée de la dégradation de la liberté de la presse dans toutes les régions du monde. En Afrique, le cas des journalistes burundais est particulièrement inquiétant. Le Burundi qui perd 11 places dans le classement, en occupant le 156ème rang. De nombreux journalistes ont fui le pays. Voici le témoignage de l'une d'entre eux. Elle vit en exil, et pour sa sécurité, nous avons rendu sa voix méconnaissable.

Avant la crise, le quotidien n'était pas facile. Mais malgré les menaces, les convocations intempestives par les instances judiciaires et les emprisonnements, nous journalistes faisions notre travail. Ma radio, la Radio publique africaine, ou RPA, la plus détestée par ce pouvoir, semblait sortir renforcée par ces actes d’intimidations, au-delà de tout entendement. Nous étions très populaires. Mais déjà, j’avais peur qu’un jour ce soit mon tour d’être convoquée ou emprisonnée. Avril 2015, début de la crise politique au Burundi : le pouvoir CNDD-FDD a ordonné la fermeture de la radio. Quelques semaines plus tard, la radio a été attaquée, tout comme trois autres radios privées. Cependant seule la Rpa a été en plus incendiée.

C’est à ce moment là que l’idée de prendre la fuite et quitter le Burundi m’a traversé l’esprit pour la première fois. Tout est allé très vite. En une soirée, j’ai organisé mon départ. Je ne me sentais plus en sécurité. De toute ma famille, j’ai averti trois personnes seulement, j’ai quitté la maison avec un petit bagage pour ne pas même attirer l’attention de mes domestiques. Contrainte de quitter ce qui était jusque-là ma vie (le pays, ma famille, mes amis, mon environnement), sans emploi donc sans occupation, les premiers jours d’exil ont été les plus durs à affronter. Dans un pays nouveau, seule, avec une vie plus chère qu’au Burundi.

Je me suis installée dans un hôtel les premiers jours, le temps de chercher un appartement. Le déménagement était improvisé. Des nouvelles des autres me sont parvenues petit à petit : certains collègues étaient dans le même pays que moi, ce qui m’a un peu remonté le moral. Aujourd’hui, j’exerce encore comme journaliste. Mais plus dans mon pays, le Burundi, où la crise se poursuit. Aujourd’hui, c’est la journée dédiée à la liberté de la presse dans le monde, un monde dont le Burundi semble s’être retiré depuis plus d’un an.

Au Burundi, le conseil de la communication annonce un recensement de tous les journalistes. Officiellement, il s'agirait de les identifier pour leur donner la carte de presse.

Cliquez sur l'image pour écouter le témoignage d'une journaliste burundaise. Elle vit en exil.