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Téhéran libère les marins britanniques

Christophe LASCOMBES5 avril 2007

La libération des 15 marins anglais fait on s’en doute aussi les grands titres de la presse allemande.

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Le président iranien a accordé hier la libération des 15 marins britanniques détenus.
Le président iranien a accordé hier la libération des 15 marins britanniques détenus.Image : AP

Après sa longue critique de l’Occident qui a vendu son âme et son humanité, le président iranien a voulu se présenter hier tel un ange libérateur, ironise die Welt. Pour autant, le président iranien s’est bien gardé d’expliquer les principes moraux justifiant la prise d’otages et leurs mauvais traitements, ainsi que l’instrumentalisation de prisonniers à des fins de propagande. La victoire du président Ahmadinejad pourrait bien être une victoire à la Pyrrhus.

La décision de libérer les marins britanniques n’a pas été du seul ressort du président iranien, observe la Frankfurter Allgemeine Zeitung. L’ayatollah Chamenei a certainement eu son mot à dire. D’autant que depuis le début, cette affaire a reflété les luttes pour le pouvoir entre les différentes fractions politico-religieuses. Si ce sont les Gardiens de la Révolution, très à cheval sur le dogme, qui ont fait prisonniers les marins britanniques, ce sont les autres tenants du pouvoir à Téhéran qui n’ont sans doute pas voulu accentuer encore l’isolement politique de la république islamique.

Cette libération est une grâce et pas une capitulation, observe la Frankfurter Rundschau. Pourtant, elle ne supprime ni les tensions, ni les intérêts contradictoires. Cependant, lorsque l’on fait le bilan de ce dossier, il s’avère que la diplomatie, parfois même « musclée », reste l’outil idéal pour régler les conflits. Et puis, deuxième conclusion, dans cette région, chaque conflit est toujours en rapport avec un autre. La diplomatie, et surtout la diplomatie européenne, doit s’orienter vers un ordre de paix global, de la Palestine à l’Iran.

De fait, ce geste des Iraniens est un superbe coup de pub qui fait apparaître la politique britannique au Proche-Orient sous les traits d’une énorme erreur, remarque la Tageszeitung. Depuis longtemps, Tony Blair présente l’Iran comme un « état-voyou » dangereux qui se trouve soi-disant en guerre contre le monde arabe modéré et les états occidentaux soucieux d’apporter à la région paix et stabilité. Ici, l’erreur de Blair est de faire cavalier seul, sans tenir compte de son Ministère des Affaires étrangères, désireux seulement d’entrer dans les livres d’Histoire.

Pour la Süddeutsche Zeitung, certains indices donnent à penser que cette libération est le résultat d’un marché passé entre l’Iran et Américains et Britanniques qui libèreraient plusieurs diplomates et soldats iraniens détenus en Irak. Une chose pourtant est certaine : l’Iran, actuellement toujours sous pression en raison de sa politique nucléaire, a réussi une fois de plus à défendre sa position et à sauver la face. Pas les Britanniques, conclut le quotidien.