Syrie : le gouvernement démissionne, le président reste
29 mars 2011Le président, en Syrie, c'est la clef de voûte du système. La démission du gouvernement sous la pression de la rue est donc un acte d'abord symbolique. D'ailleurs, le Premier ministre démissionnaire va rester en place pour expédier les affaires courantes jusqu'à nomination du nouveau cabinet.
Au moment de l'annonce du départ du gouvernement, plusieurs dizaines de milliers de manifestants défilaient dans les rues de Damas, en faveur du chef de l'Etat :
« Nous avons la sécurité et de bons revenus. Nous soutenons Bachar el-Assad. »
Le pouvoir syrien aura plusieurs fois changé de position ces dernières semaines, accusant tour à tour les manifestants de l'opposition d'être à la solde de l'étranger, des criminels ou des islamistes. Et puis le président a fait marche arrière et lâché du leste. Pourtant, les manifestants ne réclament pas forcément le départ de Bachar el-Assad, au pouvoir depuis la mort de son père, en 2000.
« Non, personne ne demande la démission du président pour l'instant. Nos revendications sont réalistes : la libération des prisonniers politiques, la levée de l'état d'urgence et des réformes. »
Ces revendications correspondent peu ou prou à la vague de celles annoncées par le président, comprenant la levée de l'état d'urgence, la liberté de la presse ou encore l'instauration d'un système politique multipartite. Bachar el-Assad doit les expliquer demain en détails lors d'un discours devant le Parlement. Une preuve que le sommet de l'Etat prend la contestation au sérieux, après les chamboulements en Tunisie ou en Egypte notamment.
Auteur : Sandrine Blanchard
Edition : Jean-Michel Bos