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Susanna Osthoff : sauvetage silencieux

Marie Mévellec20 décembre 2005

Après plus de trois semaines de détention, l'archéologue allemande Susanne Osthoff et son chauffeur, qui avaient été enlevés sur la route de Mossul en Irak, ont enfin été libérés, mais les conditions de cette libération n´ont toujours pas été dévoilées. La presse allemande revient aujourd’hui sur cette affaire.

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Susanne Osthoff libre
Susanne Osthoff libreImage : dpa

C'est sans bruit que le gouvernement allemand a réussi à sortir Susanne Osthoff des mains de ses ravisseurs – une gestion de crise des plus professionnelles que l´on ne peut que louer, surtout si l´on considère que le gouvernement allemand n´a pas cédé à un quelconque chantage politique, écrit le quotidien Die Welt. Ce qui est par contre moins sûr, c´est que Berlin n´a pas cédé à un quelconque chantage financier, poursuit-il. Aurait-on payé pour la libération d´une femme qui, en dépit de toutes les recommandations possibles et imaginables, s´est elle-même mise en danger ? Il ne faut pas oublier que Susanne Osthoff connaissait très bien l´Irak, qu´elle n´est en aucun cas comparable à un touriste landa. Mais le quotidien préfère recentrer le débat : la vraie question, c´est plutôt « a-t-on le droit de faire des reproches au gouvernement allemand pour ne pas avoir fait davantage appel à l´opinion publique ? », des critiques que l´on a pu lire dans la presse. Dans des situations similaires, les français et les italiens descendent dans les rues - les allemands, eux, attendent sagement que le gouvernement s´en occupe. Peut-on voir ça comme une tentative des allemands d´ignorer le terrorisme, s´interroge Die Welt. Quoi qu´il en soit, le gouvernement allemand a choisi la discrétion et a atteint ses objectifs, on ne peut rien lui reprocher, conclue le quotidien.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung s´interroge justement sur les limites du chantage auquel peut être soumis un gouvernement. S´il se doit d´un côté de protéger ses ressortissants, il a de l´autre le devoir de faire passer la sécurité et l´intérêt général avant le destin d´un individu, sans oublier que, selon la cour constitutionnelle, tous les cas d´enlèvement ne sont pas à traiter suivant le même schéma. En ce qui concerne les enlèvements à l´étranger, conclue le journal, le bon fonctionnement de l´Etat et la sécurité de sa population n´ont encore jamais été menacés. Le sauvetage des otages a jusqu´à présent toujours été une priorité, et le versement de rançons ou l´attribution de moyens financiers pour des projets de développement ont toujours été un moyen pour les deux partis de ne pas perdre la face – et ça va le rester, conclue la quotidien. Ce qui est par contre impensable, poursuit-il, c´est que le gouvernement allemand ait pu céder aux exigences politiques des ravisseurs qui demandaient l´arrêt de toute coopération avec l'Irak.

Pour la Süddeutsche Zeitung, l´affaire relance justement le débat de l´intervention allemande en Irak. Berlin ferait bien de saisir l´opportunité pour revoir sa politique irakienne. La présence américaine en Irak nuit plus qu´autre chose, elle alimente les revendications des forces terroristes et nationalistes, l´instabilité traduite par les attentats et les enlèvements est devenue la règle générale, en dépit de toute élection. La semaine dernière, une majorité de courageux irakien a voté pour un nouveau parlement et un nouveau gouvernement : ce serait le bon moment pour mettre en place une politique irakienne internationale sous la commande des Nations Unies – une politique qui impliquerait l´Allemagne. Même le président américain Bush l´a reconnu : on ne pas laisser l´Irak livré à son sort, une aide extérieure est indispensable - ce devrait être l´aide des nations unies, conclue le journal.