Stanley Williams exécuté
14 décembre 2005A la Une de la Süddeutsche Zeitung : des jeunes en train de brûler un drapeau américain devant la prison de San Quentin. Colère et déception se lisent sur leurs visages. Jusqu’au bout, ils ont espéré la clémence pour Tookie Williams. Un exécuté qui a donné un visage à la mise à mort publique, relève la Frankfurter Rundschau. Par sa transformation de criminel à ennemi de la violence, cet homme a accompli un travail de purification que la société américaine est incapable de comprendre. Tookie Williams n’était pas le bon candidat pour l’exécution, conclut le quotidien.
Une majorité d’Américains, qu’ils soient républicains ou démocrates, approuvent la peine de mort. Un mystère pour les Européens, estime Die Welt. On peut considérer toute cette histoire comme un acte de barbarie. Après tout, Williams avait tourné le dos à la violence et clamé son innocence. Malgré cela, seuls 30% des Américains trouvent son exécution injuste. Une nation nourrie des valeurs impitoyables de l’ancien Testament ? Un abrutissement collectif ? Mais en essayant de comprendre la pensée américaine, explique die Welt, on a tendance à oublier qu’outre-Atlantique, le statut de victime est bien plus important que la resocialisation des criminels, qui est au cœur du système juridique européen. Les quatre personnes assassinées par Williams paraissent sans doute plus proches aux Américains que sa transformation proclamée en citoyen pacifique.
Ce qui n’est pas un argument pour la Tageszeitung. Les sociétés ont d’autres moyens que la peine de mort pour punir un criminel ou se protéger de lui. Tout homme a le droit de s’intégrer à nouveau dans la société. La peine de mort ne protège pas du crime, elle ôte à ses auteurs et à la société la possibilité d’être humain. Car l’humanité comprend aussi bien la punition de coupables que la faculté de rémission.
Enfin, dans son article consacré à la reconversion en écrivain de Tookie Williams, la Frankfurter Allgemeine Zeitung analyse les œuvres du gangster repenti. Et conclut : grâce à ses livres, cet homme qui a gâché plus de la moitié de sa vie aura gagné au moins une chose que nombre d’auteurs aimeraient atteindre : une vie après la mort.