Sommet sur l'Afghanistan à Bonn
4 décembre 2011Le 5 décembre 2001, la première conférence internationale sur l'Afghanistan était vue comme un grand pas en avant. Elle prévoyait la mise en place d'un Etat démocratique et la présence d'une force militaire internationale pour sécuriser le pays. Le chancelier allemand de l'époque, Gerhard Schröder, promettait paix, prospérité et démocratie.
Si l'on en croit de nombreux observateurs, dix ans plus tard, le bilan n'est pas si brillant. L'Afghanistan est en proie à la corruption, à l'insécurité, à la pauvreté, et à l'influence toujours forte des talibans. Sans compter le problème du trafic de drogue, difficile à endiguer. Pour Jochen Hippler, de l'univsersité de Duisburg, l'échec des promesses de 2001 vient d'un manque de préparation de l'intervention internationale : "Il n'y avait pas vraiment de concept. On ne savait pas ce qui était le plus urgent: la démocratisation, la lutte contre le terrorisme, ou la mise en place d'un Etat. Une liste a été faite, mais personne n'a fait l'effort d'établir une stratégie avant l'an passé."
Quel avenir pour l'Afghanistan ?
Cette stratégie, établie en 2010, s'apparente plutôt à un plan de sortie d'après Jochen Hippler. À Bonn, les représentants de la communauté internationale - le président aghan Hamid Karzai lui-même est présent- doivent discuter de l'Afghanistan d'après 2014, lorsque les troupes de l'OTAN se seront retirées. La question de l'accompagnement des autorités dans la prise en charge autonome du pays devrait être abordée, avec un possible soutien économique.
Depuis la chute des talibans, même si on note des progrès en matière de liberté de la presse, infrastructures, télécommunications et éducation, ils sont basés sur des fondations instables. La paix et la prospérité ne sont toujours pas au rendez-vous. Vendredi encore, un attentat au camion piégé a tué un Afghan et blessé au moins 70 civils près d'une base de l'OTAN au sud de Kaboul.
Islamabad absente des négociations
Cette conférence se tiendra sans le Pakistan voisin, qui a boycotté la conférence après une attaque mortelle de l'OTAN sur son sol fin novembre. Deux Pakistanais auraient été tués sur le sol afghan jeudi par l'OTAN, ce qui n'est pas pour arranger les relations tendues entre Islamabad et l'organisation internationale. Certains analystes de Kaboul pensent que ce boycott est symbolique et qu'il ne changera pas la teneur des discussions. Dans la presse allemande (Financial Times Deutschland) en revanche on déplore l'absence d'un acteur essentiel dans la région, qui rendrait cette réunion "inutile". Pakistan ou non, la question des talibans ne devrait pas être évoquée.
A ce jour, 130 000 hommes de la coalition internationale sont encore en Afghanistan. Depuis 2001, plus de 2800 soldats sont morts. Mais les civils restent les premières victimes du conflit.
Auteurs : Ratbil Shamel, Aurélie Juignet
Edition : Sandrine Blanchard, Cécile Leclerc