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Sommet controversé sur l'intégration

Sandrine Blanchard13 juillet 2007

Le gouvernement allemand vient de proposer à Berlin 400 mesures pour faciliter l’intégration des étrangers dans la société allemande. Et la chancelière Angela Merkel a qualifié ce sommet sur l’intégration d’« étape fondamentale dans l’histoire de la politique d’intégration» du pays. Une satisfaction qui n’est pas partagée par tout le monde : plusieurs associations turques ont boycotté la rencontre, et le journal turc Hürryiet parle de « pur racisme ». Les journaux allemands reviennent eux aussi sur la conférence.

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Cours d'intégration pour étrangers
Cours d'intégration pour étrangersImage : dpa - Bildfunk

« Ouvrez vous à la société, ne vous repliez pas sur vous-mêmes ! » Voilà comment la Süddeutsche Zeitung résume l’appel lancé depuis des années par les politiques allemands aux immigrés du pays. Un appel qui laissait sous-entendre que l’Allemagne n’avait pas d’efforts à fournir de son côté. Cette époque est désormais révolue, écrit le quotidien de Munich et le sommet sur l’intégration est le signe que les choses commencent à changer. Mais la SZ note aussi que, pour une intégration réussie, il faut davantage que de simples discours. Quand y aura-t-il enfin, se demande le journal, plus d’enseignants issus de l’immigration ? Le plan national pour l’intégration présenté à Berlin propose notamment d’augmenter le nombre d’immigrés dans la fonction publique ou d’améliorer les cours de langue pour étrangers. Autant de mesures louables, affichées sur l’étendard multicolore hissé durant le sommet, mais des mesures qui restent vagues. Et la SZ conclut : il faudra veiller régulièrement à ce que cet étendard ne sombre pas dans l’oubli.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, les associations turques qui ont appelé au boycott de la rencontre ont bénéficié d’une trop grande mansuétude. La FAZ explique que, non, les cours d’intégration obligatoires ne s’adressent pas spécifiquement aux Turcs et aux Arabes désireux de s’installer en Allemagne. Par ailleurs, la chancelière a raison de refuser qu’on lui fixe des « ultimatums ». Le journal estime que les critiques sont malvenues de la part d’associations qui n’ont même pas fait le déplacement.

Un peu d’humour dans les pages de la Frankfurter Rundschau. Le quotidien publie une caricature qui montre un jeune garçon d’origine étrangère accompagné de sa mère voilée, dans le bureau d’un fonctionnaire chargé, comme l’indique la légende, de vérifier les connaissances de l’enfant en allemand. Et le petit garçon s’adresse à l’adulte en argot : « Eh patate, qu’est-ce que t’as à m’regarder comme ça ? Si tu continues, tu vas bientôt t’en prendre une.. » et l’inspecteur de répondre, avec un sourire forcé : « Oui, bon, c’est bien... ça a l’air de bien marcher, les cours. »

Le ton adopté dans Die Welt est radicalement différent. Signalons un dessin d’un goût discutable, destiné à illustrer le commentaire. On y voit une institutrice devant une classe d’adultes manifestement turcs. La leçon du jour : les mots composés en allemand. Et les mots qui figurent sur le tableau sont Ehrenmord, Zwangsehe et Kinderbraut, soit « crime d’honneur », « mariage forcé » et « mariage d’enfants », c’est-à-dire trois termes-clichés associés à l’islam. En dessous, l’éditorialiste de Die Welt regrette le coût du plan national pour l’intégration : 750 millions déboursés par le gouvernement fédéral. Alors même, poursuit le journal, qu’il ne faut pas compter sur l’aide de la plupart des associations turques. Non seulement elles boycottent la rencontre dans un geste pubertaire, mais en plus, leurs fonctionnaires - qui ont profité de l’école, des bourses et de la cordialité allemandes, s’emporte Die Welt – leurs fonctionnaires comparent désormais le sort des Turcs en Allemagne avec celui des Juifs à partir de 1933. Et le quotidien trouve « déprimant » que les positions des opposants au sommet, à gauche, aient encore du succès.