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Siemens patauge

Anne Le Touzé13 décembre 2006

Le géant de l’industrie allemande Siemens est plus que jamais embourbé dans l’affaire de corruption qui l’éclabousse. Le montant des sommes détournées ou non déclarées aux impôts est bien plus important que prévu. Le directoire de l’entreprise est mis en cause.

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Le président de Siemens, Klaus Steinfeld, est bien embarrassé par l'ampleur de l'affaire de corruption.
Le président de Siemens, Klaus Steinfeld, est bien embarrassé par l'ampleur de l'affaire de corruption.Image : AP

En épluchant les comptes des sept dernières années, Siemens a découvert un total de 420 millions d’euros de paiements suspects, comme l’a exliqué le porte-parole du groupe, Peik von Bestenbostel :

« Nous avons, parallèlement aux investigations du parquet de Munich, mené notre propre enquête interne. Dans les comptes des sept dernières années, nous avons trouvé des factures qui, objectivement, n’auraient pas dû être déduites des impôts. Cela donne un total de 168 millions d’euros que nous devons maintenant reverser au fisc. »

Jusque là, la justice allemande avait estimé que 200 millions d’euros avaient atterri dans les caisses noires du groupe. Des sommes utilisées pour financer des pots-de-vin dans le but de faciliter l’obtention de contrats internationaux, en particulier dans la téléphonie. Une douzaine d’employés de la division communication étaient dans la ligne de mire des enquêteurs. Or désormais, les soupçons de corruption se portent sur le directoire de Siemens. Un de ses anciens membres, Thomas Ganswindt, a été arrêté et placé hier en détention provisoire. Selon le président de Siemens, Klaus Kleinfeld, personne ne pouvait soupçonner l’étendue de la fraude organisée qui s’étale sur plusieurs années :

« Il faut voir que nous avons environ 9 millions de transactions quotidiennes qui totalisent trente millions de prestations. Dans les grands jours, on peut atteindre jusqu’à 50 millions de transactions. C’est là que réside la difficulté. Ne prenez pas cela comme une excuse, mais plutôt comme une tentative d’expliquer la complexité du problème. Nous devons trouver le moyen de combler les trous noirs et de rendre le système totalement imperméable afin que ce genre de chose ne puisse plus arriver. »

Pour redorer son blason, Siemens a donc fait appel à Michael Hershman, l'un des fondateurs de l'organisation non gouvernementale Transparency International, pour mener une étude indépendante sur les mécanismes internes de l’entreprise. Il faut dire que les systèmes de contrôle au sein de Siemens font l’objet de vives critiques. Selon la presse allemande, des membres de son service de lutte contre la corruption auraient été au courant des caisses noires, mais ils auraient tenté de camoufler leur existence.