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Seize ans de réunification

Yann Durand2 octobre 2006

L’Allemagne réunifiée fête ses seize ans demain. Tandis qu’une grande majorité d’allemand se réjouit d’avoir un jour férié, la classe politique se voit confrontée à un bilan en demi-teinte. Le soutien financier à la région a engendré des progrès, mais s’avère insuffisant pour hisser l’ex-RDA au niveau du reste du pays. Angela Merkel a déjà appelé à un engagement de tous les allemands pour la construction des nouveaux Länder, sachant qu’il faudra du temps pour y parvenir. La presse allemande dresse un tableau plutôt sombre de la situation.

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Le mur de Berlin: c'est du passé. Mais seize ans après la situation n'est toujours pas rose à l'est
Le mur de Berlin: c'est du passé. Mais seize ans après la situation n'est toujours pas rose à l'est

124 mètres : c’est la taille de la plus longue image de l’Allemagne apprend-on dans le quotidien Die Welt. Un patchwork composé des dessins de plus de 120 groupes d’écoliers toutes régions confondues. Il sera exposé à Kiel en marge des festivités qu’Angela Merkel ouvrira d’un discours devant 1000 invités de marque. Ensuite le président Horst Köhler lancera une parade musicale baptisée ‘L’Allemagne joue ensemble’. Nombreux sont ceux qui ne font plus de différence entre l’est et l’ouest selon les sondages, qui certes reflètent une homogénéité croissante dans les esprits ainsi qu’un certain optimisme de voir l’est refaire son retard. Cependant, relève le journal, les statistiques dans le Brandebourg par exemple sont elles plus moroses : Le nombre des naissances a diminué de moitié, celui des mariages d’un tiers pendant que le parc automobile a doublé. L’équipement ménager est désormais similaire et au lieu des 134 hôtels existants avant la réunification, on en compte maintenant 1000.

La fin d’une séparation il y a 16 ans en a créé une autre. Il s’agit à présent d’une scission au sein même de l’est allemand, affirme la Süddeutsche Zeitung. En évoquant une asymétrie sans précédent en Allemagne, qui oppose un développement localisé à un dépérissement général. Le principe ne vaut plus selon lequel, les plus faibles sont les plus subventionnés. La manne annuelle versée par l’ouest pourrait garantir 550 euro par mois pour chaque allemand de l’est. Or, constate le quotidien, l’argent tel qu’il est distribué ne retient pas les jeunes ; les mieux formés et les plus motivés, surtout les femmes transhument vers le soleil couchant laissant derrière eux les vieux et les chômeurs.

Le bilan est mitigé et le restera toujours, avance la Frankfurter Rundschau qui rappelle que la RDA était en pleine banqueroute politique, morale et économique. Libérée du jour au lendemain, elle a certes pu améliorer ses infrastructures grâce à des centaines de milliards de subvention mais reste à la traîne économiquement. Avec deux fois plus de chômage qu’à l’ouest, le tissu social est en déliquescence et selon le journal cela se répercute sur le paysage politique. Au travers du filtre ouest-allemand on a considéré que la démocratisation allait de soi et omis de l’inculquer à une région, dont on a oublié qu’elle émergeait tout juste de deux dictatures.