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Schäuble interdit une organisation néo-nazie

Konstanze von Kotze2 avril 2009

Depuis longtemps « Heimattreue Deutsche Jugend », était dans la ligne de mire des autorités allemandes. Le 31 mars, le ministre de l’Intérieur, Wolfgang Schäuble a déclaré cette organisation d'extrême droite hors-la-loi

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Image : picture-alliance/ dpa

Mardi 31 mars, 6 heures du matin. La direction du HDJ reçoit un avis d'interdiction. Des perquisitions ont lieu dans les régions du Brandebourg, de Basse-Saxe, de Saxe et à Berlin. Un peu plus tard dans la matinée, Wolfgang Schäuble explique sa décision :

« Le HDJ est une organisation néo-nazie, anticonstitutionnelle. C'est pourquoi, en vertu du paragraphe 3 de la loi sur les associations, elle a été déclarée interdite. Nous montrons ainsi que nous voulons combattre de manière déterminée le néonazisme, l'extrême droite et la xénophobie »

Verbot der Organisation "Heimattreue Deutsche Jugend"
Image : AP


« Chaque année, nous organisons de supers activités… cela va des camps d'été aux sorties à la piscine et bien d'autres choses encore… ». Quoi de plus inoffensif, à première vue, que cette invitation à découvrir le HDJ, ses chants, ses jeux, ses activités. Selon les services de renseignement intérieur allemand, l'organisation fondée en 1990, aurait attiré plus de 400 membres dans tout le pays en proposant des soi-disant camps de loisirs. Des camps où enfants et adolescents, de 7 à 29 ans sont en réalité soumis à une discipline militaire et formés à l'idéologie néo-nazie. Ulrike a aujourd'hui 18 ans. Ses parents, qui étaient à l'époque des néo-nazis convaincus, l'ont poussée à prendre contact avec le


« On se levait relativement tôt, oui... Ensuite il y avait l'appel matinal, au son des trompettes et… oui… après il y avait différents jeux organisés. Des jeux où on devait aussi s'attaquer mutuellement »

Des camps d'éducation dirigés par le HDJ, il y en avait dans toute l'Allemagne, pas seulement à l'est. Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, l'organisation avait pour but de former une « élite » néo-nazie. On y exhortait les enfants à maintenir la pureté du sang. Témoignage de Sabine, une jeune fille qui a réussi à quitter le HDJ :


« Ils sont éduqués pour perpétuer la nation allemande. On leur enseigne l'idéologie nazie. Ils sont entraînés, militairement entre autres, ils doivent apprendre à défiler et ainsi de suite. De vrais tests et des devoirs à rendre vérifient les connaissances acquises. Il y est question de différentes personnalités nazies, rendues familières aux enfants avec des biographies. Cela part d'Adolf Hitler et va jusqu'à Rudolf Hess sans oublier des personnalités de la SS. Il y a aussi des questions concernant le déroulement historique des évènements, que s'est-il passé sous le IIIème Reich ou des questions concernant la guerre… par exemple qui a commencé la guerre. Pas l'Allemagne, bien sûr ! »

Hitlerjugend Kalenderblatt
A partir de 1939 tous les jeunes de 10 à 18 ans étaient de facto enrolés dans les Jeunesses hitlériennesImage : dpa


T-Shirts blancs et pantalons noirs. Tentes ornées de l'inscription « Führerbunker » soit le bunker du Führer. Vaisselle essuyée avec des torchons ornés de croix gammées. Selon plusieurs experts, le HDJ est solidement implanté dans le paysage de l'extrême-droite allemande et entretient de nombreux liens avec le NPD, parti ouvertement raciste, xénophobe et antisémite. Mais ces faits ont peu d'impact chez les recrues de l'organisation, comme l'explique Gerhard Bücker du conseil régional pour la prévention dans la région de Basse-Saxe :


« Les activités du HDJ concernent pour beaucoup des mineurs, des enfants entre 8 et 14 ans. Cela veut dire qu'elles s'adressent à des personnalités encore en devenir qui sont bien sûr beaucoup plus crédules que les adultes face à ce que l'on doit appréhender comme une idéologie qui méprise l'homme. Cela représente un très grand danger »

NPD Demonstrationsmarsch
La chambre basse des députés allemands vient de condamner le NPD à une amende de 2,5 millions d'euros pour irrégularités dans son bilan comptable 2007Image : AP


Si la décision de Wolfgang Schäuble d'interdire le HDJ a été saluée par l'ensemble de la classe politique, tous partis confondus, certains ont estimé qu'elle arrivait trop tard et ont de nouveau plaidé pour une interdiction du NPD. Un débat de longue date dans une Allemagne particulièrement vigilante face aux mouvements d'extrême-droite. Reinhard Koch de l'association contre l'extrême-droite et la violence à Brunswick, une ville du nord de l'Allemagne


« Nous devons être très attentifs face aux tentatives de cadres politiques de l'extrême-droite. Ils sont toujours mieux formés et essaient de s'implanter dans la société civile, dans des organisations, dans des associations. Ils essaient d'accéder à des postes de formateurs… en un mot d'accéder à des positions où ils ont à faire aux jeunes »


Nombreux sont ceux qui estiment qu'interdire une organisation telle que le HDJ – qui a un mois pour faire appel de la décision devant un tribunal administratif fédéral – ne suffit pas. La lutte contre l'extrême-droite doit aussi passer par plus de prévention, plus d'éducation politique, plus d'activités pour la jeunesse… Car comme le fait remarquer un éditorialiste du quotidien Süddeutsche Zeitung, les parents qui envoient leur progéniture dans de telles organisations ne le font pas par hasard. Et si le HDJ est désormais dissout, ces parents-là, ils restent.