Rigueur, quand tu nous tiens...
4 mars 2010Avec en Une la photo de retraités grecs manifestant leur mécontentement, la Süddeutsche Zeitung estime que le gouvernement de Papandreou ressemble à un homme qui se noie. Criant toujours plus fort, il espère que ses administrés entendront ses appels. C'est que le fardeau qu'il veut leur imposer est massif : travailler plus, gagner moins et payer plus d'impôts. Heureusement, le Président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso, a pour la première fois exprimé ses félicitations au gouvernement grec.
L'élite financière européenne, de la Commission à la Banque Centrale Européenne, serre les rangs derrière Athènes, constate Die Welt. C'est plus qu'un symbole. Certes, les belles paroles politiques ont peu de poids sur les marchés financiers et cela ne devrait pas beaucoup aider Athènes à lever les fonds nécessaires à son sauvetage économique. Mais il en va autrement des banques centrales. Avec cette décision, les garants de l'euro engagent ce qu'ils ont de plus précieux : leur crédibilité. Ceci prouve que les félicitations de la BCE à la Grèce sont sincères.
Les Grecs font ce que les Européens attendent d'eux, explique la Tageszeitung. Ils s'imposent un sévère plan de rigueur. Mais qui va en profiter ? L'euro, les Grecs ou les autres pays européens ? Le drame, c'est que cette stratégie pourrait être fatale à tous. Aux Grecs d'abord. En temps de crise, la rigueur budgétaire ne fera qu'aggraver la récession du pays. Aux autres pays européens ensuite. Car ce sont eux les grands débiteurs de la Grèce qui est en outre un marché européen important pour l'Allemagne, champion du monde des exportations. Si Athènes ne peut plus rembourses ses dettes, la crise financière n'en sera que plus aiguë aussi pour eux. À l'euro enfin, parce qu'il ne pourra pas rester stable si l'un des états membres de l'union monétaire s'effondre économiquement.
Dans ce contexte, la Frankfurter Allgemeine Zeitung revient sur les nouveaux objectifs de croissance économique présentés hier par José Manuel Barroso. Le président de la Commission Européenne a raison de dire que l'Europe ne peut plus continuer comme avant la crise. Mais sa nouvelle stratégie n'est qu'une réédition de celle de Lisbonne que l'Europe avait élaboré pour devenir la région économique la plus compétitive du monde d'ici 2010. Et à la question de savoir pourquoi cette nouvelle manière aurait plus de succès que l'ancienne, sa seule réponse est : parce qu'elle le doit ! C'est un peu juste.