Rigueur et solidarité face à la crise de l'euro
16 janvier 2012Le couperet est tombé vendredi 13 janvier : neuf pays européens, dont la France, ont été dégradés par l'agence de notation Standard and Poor's. On ne constate pas de triomphalisme depuis lors en Allemagne qui a gardé son triple A - ce qui lui permet de continuer d'emprunter de l'argent à des taux très bas.
Pas de triomphalisme et pour cause, car la dégradation de la France surtout, deuxième contributeur aux plans d'aide européens, inquiète les politiques. Berlin, premier contributeur à tous les plans d'aide, redoute en effet de devoir faire à l'avenir davantage d'efforts pour soutenir les pays en crise.
Rassurer les Allemands avant les législatives
Avant les élections législatives de 2013 en Allemagne, il s'agit donc de rassurer les populations. Wolfgang Schäuble, par exemple, le ministre allemand des Finances, refuse d'entendre parler de la plus grande crise en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale :
« Notre économie est assez forte, selon Standard & Poor's, pour qu'il n'y ait pas trop de conséquences négatives. Seulement, il faut penser aux effets de contagion, qui existent évidemment avec une monnaie unique. C'est pourquoi il faut que nous nous employions à renforcer notre monnaie, notamment grâce au fonds de stabilité. »
Les 211 milliards d'euros de garanties allemandes accordées pour le Fonds européen de stabilité financière sont suffisantes, déclare à qui veut l'entendre le ministre des Finances. Mais bon nombre d'experts redoutent que ce fonds ne puisse aider des pays comme la Grèce, l'Italie ou l'Espagne qu'au prix d'une augmentation des garanties des pays encore notés "AAA". En gros : l'Allemagne devrait payer plus, et pourrait qui sait, perdre à son tour sa bonne note auprès des agences de notation.
En Allemagne, la bonne santé de l'économie
Pour le moment, l'Allemagne a été épargnée par la crise. Elle affiche un taux de croissance en 2011 de 3%, beaucoup plus que ses partenaires de la zone euro. Ces 3% ont permis à Berlin d'alléger le déficit public à 1% du PIB. L'Allemagne respecte ainsi pour la première fois depuis 2008 l'un des critères de la discipline budgétaire européenne : un déficit de moins de 3% du PIB. Mais les choses peuvent vite changer . L'Allemagne devrait connaître cette année deux trimestres de récession et finir l'année 2012 avec seulement 0,5% de croissance.
Auteur : Carine Debrabandère
Edition : Jean-Michel Bos