RDC: le come-back du Général John Numbi
18 janvier 2018Selon plusieurs témoignages, John Numbi n’est jamais tombé en disgrâce. Considéré comme étant l’un des personnages les plus sombres du régime de Joseph Kabila, le général John Numbi s’est très vite refugié, après sa suspension de la police, en 2010, dans sa province natale du Nord Katanga.
Là-bas, ses velléités bellicistes ne l’ont pas quitté. Il aurait soutenu les actions d’une nébuleuse, le groupe armé sécessionniste Bataka Katanga qui se battait pour l’indépendance de l’ex-province du Katanga.
Le retour aux affaires de cet homme de confiance du président Congolais est d’une portée politique forte. "John Numbi de nouveau, officiellement au sein des FARDC, c'est un avertissement public et visible à la société civile et à la communauté internationale. Le régime est prêt à tout pour se maintenir au pouvoir et tous ceux qui ont commis des crimes dans le passé reviennent sur le devant de la scène et vont donner de l'aide au régime pour se maintenir au pouvoir." explique Clément Boursin, responsable pour l’Afrique d’ACAT-France, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture.
Agacement de Kinshasa
Contacté par la rédaction de la Deutsche Welle, le Chef d’état major de l’armée, son porte-parole, ou encore la ministre des Droits humains ont tous refusé de commenter l’information. "Le président a une armée de 150-000 hommes qu'il commande, une police de 100.000 hommes. Il n'a pas besoin d'hommes de main. C'est trop péjoratif. C'est comme un bandit. C'est un chef d'Etat monsieur. Un peu de respect! Je ne suis pas le porte-parole de John Numbi. Moi, je suis le porte-parole du gouvernement, Monsieur. C'est le président qui est mon chef. Moi, je n'ai rien à voir avec John Numbi. Parlez-moi du président", a répondu le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Lambert Mendé Omalanga, à la question de savoir s’il confirmait que John Numbi était l’homme de main du président Joseph Kabila.
Diplômé en électronique, le général John Numbi n’a jamais suivi une formation militaire classique. Il est originaire du Nord-Katanga et appartient au groupe ethnique Luba, le même que celui de l’actuel président Joseph Kabila. Une autre preuve de la proximité des deux hommes.
L'affaire Chebeya et Fidèle Bazana
En 2010, John Numbi Tambo Banza a été accusé par plusieurs organisations des droits de l’Homme d’être l’un des principaux commanditaires de l’assassinat du directeur exécutif de l’ONG "La Voix des Sans Voix" Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana. Dans le cadre de ce procès, John Numbi Tambo Banza n’a comparu que comme simple témoin et n’a écopé d’aucune condamnation.
Passé sulfureux
C’est en 1989, que ce fidèle parmi les fidèles de Laurent Désiré Kabila, le père de l'actuel président, émerge sur l’arène publique, en devenant le chef d’une milice très redouté, l’Union des fédéralistes et républicains indépendants. Son nom est également constamment cité, lorsqu’on évoque les exactions dont ont été victimes entre 1992 et 1993, une centaine de militants de l’UDPS, de feu Etienne Tshisekedi. En mars 2001, deux mois après l’assassinat de son père, Joseph Désiré Kabila, qui a fraichement pris les les rênes du pays, nomme John Numbi, chef d’état major de l’armée de l’air. Alors qu'il est en fonction, il est accusé d’avoir armé les rebelles Maï Maï, de Gédéon. La contrepartie ? Des lingots d’or et d’autres pierres précieuses.
Son nom est cité également dans la sanglante répression en 2008, des adeptes de la secte politico-religieuse, Bundu Dia Kongo, dans le Bas-Congo. Une opération, qui a fait une centaine de morts selon plusieurs organisations de défense de droit de l’Homme.
Son implication en 2010 dans l’affaire de l’assassinat du directeur exécutif de l’ONG "La Voix des Sans Voix" Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana est venu mettre un terme, du moins pour seulement quelques années, à ses fonctions officielles. John Numbi espère renouer avec la lumière après avoir été forcé à vivre dans l’ombre.