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La RDC accuse l'ONU de "marchandisation de l'humanitaire"

Julien Adayé
12 avril 2018

Le porte-parole du gouvernement accuse les Nations unies de gonfler les chiffres des déplacés pour s'attirer des budgets. Mais dans certaines régions de la RDC, les chiffres pourraient au contraire être sous-estimés.

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Flüchtlinge im Kongo
Image : picture alliance/dpa//Norwegian Refugee Council NRC/C. Jepsen

DRK Flüchtlinge 19h - MP3-Mono

Alors que l’ONU évoque 4,5 millions de déplacés internes, Kinshasa accuse les humanitaires de noircir le tableau et avance une estimation de 231.241 déplacés.

Vendredi (13 avril) s'ouvre une conférence des donateurs à Genève destinée à recueillir 1,7 milliards de dollars pour faire face aux crises humanitaires en République démocratique du Congo (RDC). Mais en annonçant son refus d'y participer, Kinshasa semble indiquer qu'il n'a pas besoin de cet argent. 

"Repoussoir pour les investisseurs"

Lambert Mendé, porte-parole du gouvernement congolais, accuse les humanitaires des Nations unies de faire de la surenchère pour ternir l’image de son pays. Une politique qui pourrait nuire aux investissements en RDC, selon lui.

Afrika humanitäre Hilfe
Aide humanitaire en RDCImage : picture-alliance/ dpa

"Nous n’appelons pas 'appui international' la tentative des humanitaires de se faire attribuer des budgets colossaux sur une fausse image des besoins humanitaires de notre pays. Nous appelons cela de la 'marchandisation de l’humanitaire'. Cela constitue en même temps un repoussoir pour les investisseurs. Alors que le pays a plus besoin d’investissement que d'aide humanitaire pour son émergence. Aucun pays ne s'est développé uniquement avec l'aide humanitaire."

Lambert Mendé accuse aussi l'ONU de gonfler les chiffres de déplacés internes en RDC pour s'attirer des budgets plus importants. 

"Il n'y a aucun développement"

Mais pour Thierry Vircoulon de l’Institut français des relations internationales (IFRI), c'est tout le contraire : les chiffres des déplacés internes seraient même sous-évalués par les Nations Unies. 

"Non non, l’ONU n’a pas fait surévaluer le nombre de déplacés. Vous savez déjà, il y a une grande partie de la RDC qui n’est pas couverte par les structures onusienne ou de la société civile. Donc ce qu’on voit en RDC, c’est uniquement la partie émergée de l’iceberg. Par exemple, dans la région centrale du Kassaï, il y’a une très faible capacité de monitoring des mouvements de populations. Et donc les chiffres qui sortent sont plutôt des chiffres sous-évalués que surévalués. Il y a une crise humanitaire extrêmement importante en RDC et il n’y a aucun développement. L'absence du gouvernement n’est pas surprenante. Le gouvernement sous-estime le nombre de déplacés dans cette crise. Mais d’une manière plus claire et plus nette, il est très largement responsable de cette crise."

En refusant de se rendre à la conférence des donateurs de Genève, Kinshasa accroît donc la pression sur les agences des Nations Unies responsables des déplacés internes et des réfugiés. Mais à ce stade, l'ONU maintient ses chiffres : il y aurait 4,5 millions de déplacés internes en RDC et 13 millions de personnes auraient besoin d'une aide humanitaire.