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RCA: orgie de violence après le départ de Djotodia

Marie-Ange Pioerron17 janvier 2014

La presse allemande regarde vers la République Centrafricaine, après la démission du premier président de la transition, Michel Djotodia, porté au pouvoir en mars 2013 par les rebelles de la Séléka.

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Banguissois en colère contre des soldats de la force africaine à Bangui
Banguissois en colère contre des soldats de la force africaine à BanguiImage : Reuters

Tous les journaux le relèvent: son départ a été suivi d'un débordement de haine, d'une orgie de violence. Des dizaines de boutiques appartenant à des musulmans ont été détruites, note die tageszeitung. Dans trois quartiers de Bangui des mosquées ont été démolies à coup de pioches - le journal voyant là un curieux écho à la rage des islamistes radicaux contre les lieux saints soufis, au Mali pendant l'été 2012. La taz constate aussi que Michel Djotodia est parti au Bénin, un pays qui a toujours été un refuge pour des politiciens centrafricains en exil, ou des présidents déchus. François Bozizé, comme son prédécesseur Ange-Félix Patassé ont tous deux séjourné au Bénin, rappelle le journal. Dans les années 80, alors qu'il était en exil au Bénin, Bozizé a fondé là-bas, comme filiale d'une secte béninoise, une secte protestante dénommée "Eglise de la chrétienté céleste". Il a continué de la diriger une fois devenu président. Et souligne le journal, cela a contribué à donner au conflit politique à Bangui sa sanglante dimension religieuse actuelle.

Soldats tchadiens à Bangui
Soldats tchadiens à BanguiImage : Eric Feferberg/AFP/Getty Images

La Berliner Zeitung écrit que la démission de Michel Djotodia est un sérieux revers pour les insurgés musulmans de la Séléka arrivés au pouvoir il y a dix mois. Cette démission, ajoute le journal, est en partie redevable au gouvernement français qui a envoyé 1 600 soldats dans son ancienne colonie pour apaiser un conflit qui a déjà fait des milliers de morts. Mais c'est Idriss Déby, le président tchadien, qui a fait pencher la balance, lui qui au début avait soutenu la rébellion Séléka contre le président chrétien, et corrompu, François Bozizé. Djotodia, lit-on dans le Tagesspiegel de Berlin, est arrivé au pouvoir avec l'aide du Tchad. Depuis des décennies la minorité musulmane dans le nord du pays se sent exclue des flux financiers émanant de Bangui et s'est plusieurs fois rebellée. Mais les caisses de l'Etat étant vides les miliciens musulmans se sont sentis floués, y compris après le putsch. Le pays est riche en ressources, mais l'économie est par terre, conclut le journal.

Réfugiés sud-soudanais à la frontière avec l'Ouganda
Réfugiés sud-soudanais à la frontière avec l'OugandaImage : DW/S. Schlindwein

L'Ouganda se bat au Soudan du Sud

La poursuite des combats au Soudan du Sud est un autre sujet qui continue d'intéresser la presse allemande. D'autant que les journaux ont abondamment couvert, à l'époque, l'accession du pays à l'indépendance. Dans la situation actuelle, die tageszeitung retient que l'Ouganda s'implique de plus en plus sur le terrain, pour soutenir le président Salva Kiir contre son ancien vice-président, et rival, Riek Machar. Le journal relate comment du matériel militaire ougandais, dont des chars de combat, sont acheminés de nuit au Soudan du Sud via le poste frontière de Nimule. L'Ouganda a envoyé des troupes dès la mi-décembre. A l'époque l'armée ougandaise affirmait que c'était pour évacuer les travailleurs ougandais de Juba. Or poursuit le journal, depuis la semaine passée presque tous les Ougandais installés au Soudan du Sud ont quitté le pays. Des avions de transport militaire n'en continuent pas moins de décoller de l'aéroport militaire d'Entebbe. Pourquoi? Un quotidien ougandais, Red Pepper, rapporte en se référant à des sources sécuritaires, que 4 500 soldats ougandais gardent des installations stratégiques à Juba ainsi que des champs de pétrole dans le nord du Soudan du Sud. Le président Museveni a envoyé des forces spéciales. Elles sont commandées par son fils aîné, Muhoozi Kainerugaba.

Manifestation pour les droits des homosexuels en Ouganda
Manifestation pour les droits des homosexuels en OugandaImage : picture-alliance/dpa

Les gays au pilori au Nigéria

14 ans de prison pour quiconque conclut une union homosexuelle - c'est ce que prévoit la loi promulguée au Nigéria par le président Goodluck Jonathan. Cette nouvelle loi durcit un peu plus une législation déja très hostile aux relations entre personnes du même sexe, et cela ne manque pas de susciter des réactions dans la presse allemande. Comme le note l'hebdomadaire Die Zeit, si Thomas Hitzlsperger était Nigérian, il risquerait 14 ans de prison. Ses parents, amis ou collègues pourraient aussi être inculpés pour avoir omis de le livrer aux autorités. Thomas Hitzlsperger, c'est cet ancien footballeur professionnel allemand qui a révélé récemment, dans les colonnes de Die Zeit précisément son homosexualité. La nouvelle loi nigérianne , précise le journal, est exclusivement préventive. Car aucun militant au Nigeria n'a jamais demandé une loi autorisant les mariages entre personnes du même sexe. La répression des homosexuels a trouvé un nouveau motif : il s'agit de se démarquer plus fortement de l'occident, pour que les citoyens nigérians ne soient pas "infectés" par les valeurs décadentes de l'occident. L'homosexualité, rappelle le journal, est interdite dans 76 Etats, la plupart du temps sur la base de vieilles lois coloniales britanniques.

Lionnes dans le parc de Serengeti, Tanzanie
Lionnes dans le parc de Serengeti, Tanzanie

Le lion se meurt en Afrique

Le changement climatique, la destruction de l'environnement, la disparition d'espèces animales - tous ces phénomènes ne concernent pas seulement l'Afrique, mais la presse allemande les illustre cette semaine par des exemples africains. Changement climatique tout d'abord avec un article de Neues Deutschland dans lequel nous lisons que le Mozambique sera à l'avenir l'un des pays d'Afrique qui souffrira le plus du changement climatique. Cela se traduira, poursuit le journal, par des périodes de sécheresse plus longues, des retards dans la saison des pluies, mais des précipitations plus abondantes. D'où un risque accru pour l'agriculture et la sécurité alimentaire. En Afrique de l'ouest, note la Süddeutsche Zeitung, c'est la survie du "roi de la savanne" qui est menacée. Les terrains de chasse du lion rétrécissent, sa nourriture se raréfie, et il a un ennemi qui met tout en oeuvre pour faire disparaître le lion d'Afrique. Cet ennemi c'est l'homme. Dans l'ouest de l'Afrique il n'y aurait plus que 400 lions, dont 250 adultes, précise le journal.