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Raid US en Somalie

Christophe LASCOMBES10 janvier 2007

Les Etats-Unis ont reconnu hier avoir mené un raid en Somalie en affirmant que leur objectif était la neutralisation de dirigeants du réseau terroriste Al-Qaïda. Ce raid aérien aurait fait plusieurs dizaines de morts dans la population civile, l’occasion pour la presse allemande de ce matin de jeter un regard critique sur cette « politique de la canonnière » de Washington.

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C'est du pont d'envol de l'USS Dwight D. Eisenhower que sont partis les bombardiers américains à la chasse aux terroristes en Somalie.
C'est du pont d'envol de l'USS Dwight D. Eisenhower que sont partis les bombardiers américains à la chasse aux terroristes en Somalie.Image : AP

Depuis 1994, date de leur retrait officiel de ce pays, les Américains s’étaient contentés de laisser bombarder leurs objectifs par les autres, relève la Frankfurter Rundschau. Maintenant que l’armée éthiopienne a chassé les islamistes, les Etats-Unis reprennent leur ancienne manière d’agir dans leur chasse aux terroristes : repérer et détruire. En l’occurrence, venger les 225 morts des attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le tribut versé par la population civile est élevé. Mais les Américains ne sont pas les seuls à estimer que le risque terroriste que représente la Somalie est élevé. Ses voisins aussi, entre autres le Kenya et le gouvernement yéménite, qui affrontent eux aussi l’hydre d’Al-Qaïda, partagent cette opinion.

Même le gouvernement somalien lui-même a expressément approuvé cette attaque, souligne la Tageszeitung. Pourtant, ce raid accroît dramatiquement le risque d’embrasement de la Corne de l’Afrique. De fait, le gouvernement de Mogadiscio a reconnu aux USA le droit d’attaquer de présumés terroristes dans le monde entier et ce, en acceptant un nombre élevé de morts innocents. Même les gouvernements afghan et irakien, qui ne n’existent que par la grâce de Washington, protestent haut et fort contre les violences faites aux populations civiles. Les réactions des nouveaux maîtres de Mogadiscio démontrent de manière incontestable qu’ils ne sont en fait que des marionnettes. Ces seigneurs de la guerre ignorent superbement le bien-être de leur population.

Voilà qui va apporter de nouvelles candidatures au camp islamiste, reprend la Süddeutsche Zeitung. Bush ouvre un nouveau front en Somalie dans sa « guerre globale contre le terrorisme ».Et dans cette guerre, le chef des armées américaines brûle ses dernières cartouches. Plus question d’offensive diplomatique vis-à-vis de l’Iran ou de la Syrie. George Bush joue la carte militaire et veut envoyer près de 20 000 nouveaux soldats en Irak pour y étouffer toute rébellion et garantir au peuple irakien ce que son armée ne peut lui offrir : à, savoir la sécurité et le calme permettant les compromis politiques. Seulement, il est déjà trop tard. Après quatre ans de guerre, la haine est trop grande en Irak et l’Amérique est lasse de compter ses morts. Le Président Bush a perdu sa guerre en Irak, il continue sa guerre contre le terrorisme. Seulement, sans divisions américaines en Irak, cette lutte sera plus difficile encore que jamais, conclut le quotidien.